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Le Parquet requiert l'internement psychiatrique de Breivik

Le Parquet norvégien a requis ce jeudi l'internement psychiatrique d'Anders Behring Breivik. Il estime qu'il y avait suffisamment de doutes pour tenir l'extrémiste de droite pénalement irresponsable des attaques qui ont fait 77 tués l'an dernier en Norvège.

21 juin 2012, 18:53
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A défaut d'un internement, si la Cour devait conclure que Breivik  est responsable, les procureurs ont requis une peine subsidiaire de  21 ans de rétention de sûreté, une peine qui permet de maintenir un  individu en prison indéfiniment tant qu'il est jugé dangereux.

«Selon nous, c'est pire d'envoyer un psychotique dans un centre  de détention préventive que d'envoyer une personne non psychotique  dans un centre de soins obligatoires», a déclaré le procureur, Svein  Holden au terme d'un réquisitoire de près de trois heures.

«Notre demande est qu'il soit contraint de suivre des soins  psychiatriques» dans un établissement fermé. Toutefois, «si le  tribunal conclut (...) que Breivik est responsable, le Parquet  estime que les conditions pour la rétention de sûreté sont  remplies», a-t-il ajouté.

«Schizophrénie paranoïde»

Dans ce cas, «il n'y a aucun doute que Breivik doit recevoir la  peine la plus sévère, 21 ans de rétention de sûreté», a précisé M.  Holden.

Pour justifier sa demande d'internement, le Parquet a invoqué une  expertise officielle de deux experts qui ont conclu que l'extrémiste  de 33 ans souffrait de «schizophrénie paranoïde», un diagnostic très  critiqué mais suffisant, aux yeux des procureurs, pour semer le  doute.

Avant de condamner un individu à la prison, les juges doivent  être convaincus qu'il est pénalement responsable au-delà du doute  raisonnable. Sans que la jurisprudence norvégienne dise précisément  où la barre se situe, une éventuelle incertitude doit jouer en  faveur de l'accusé, passible dès lors de la peine jugée la plus  douce.

Conclusions officielles contredites

«Nous ne sommes pas convaincus ni sûrs que Breivik est  (pénalement) irresponsable mais nous sommes dans le doute», a  souligné M. Holden qui a lui-même relevé des faiblesses dans la  fameuse expertise psychiatrique.
Présentant les vues extrêmes de l'accusé comme des «idées  délirantes» symptomatiques d'une schizophrénie, cette expertise a  été critiquée pour ne pas tenir suffisamment compte du contexte  idéologique dans lequel Breivik évolue.

Ses principales conclusions ont été contredites par une contre- expertise et par l'ensemble des autres psychiatres appelés à  témoigner, lesquels se sont entendus pour dire que l'accusé  présentait des troubles de la personnalité - une condition  insuffisante pour éviter la prison - mais pas de psychose.

Dans un système norvégien généralement considéré comme très  libéral, certains ont agité le spectre que le tueur puisse être un  jour relâché après un séjour dans un établissement psychiatrique.

Plus jamais de liberté

Mais la seconde procureure, Inga Bejer Engh, a tenté de dissiper  ces peurs, laissant entendre qu'il ne recouvrerait probablement  jamais la liberté. «Il y a des tueurs condamnés à un internement qui  ne sortiront probablement jamais», a-t-elle déclaré, avant de  souligner que le carnage commis par Breivik était sans commune  mesure avec les faits reprochés à ces criminels.

Vendredi, au dernier jour d'un procès de dix semaines, ce sera  aux avocats de la défense de tenir leur plaidoirie. Ils devraient  quant à eux demander l'acquittement - demande purement technique due  au fait que leur client plaide non coupable - ou, à défaut et de  manière plus réaliste, qu'il soit reconnu responsable et condamné à  la prison.

Tenant à être reconnu sain d'esprit pour ne pas voir son  idéologie invalidée par un diagnostic pathologique, Breivik estime  qu'un internement psychiatrique serait «pire que la mort».

En dernier ressort, il reviendra aux juges de trancher la  délicate question de la responsabilité pénale dans leur verdict  attendu le 20 juillet ou le 24 août. Selon un sondage, près de trois  Norvégiens sur quatre estiment qu'il devrait être condamné à la  prison.

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