Les éléments en question sont des dépositions d'employés de la milliardaire et des détails concernant les liens entre Eric Woerth, trésorier de la campagne en 2007 devenu ensuite ministre du Budget, et Patrice de Maistre, alors gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, écroué depuis le 23 mars.
Le nom de Nicolas Sarkozy figure de longue date dans ce dossier, où le juge d'instruction bordelais Jean-Michel Gentil a fait saisir en 2011 ses comptes de campagne. Il s'agit d'une des affaires qui pourraient valoir à l'ancien président une audition, voire des poursuites, lorsque son immunité pénale expirera mi-juin.
L'ancien chef de l'Etat n'a pas nié pendant la campagne qu'il avait pu se rendre chez les Bettencourt en 2007 mais il nie toute malversation, parlant de «boules puantes».
Rendez-vous
Concernant l'hypothèse d'une première remise de 150'000 euros en espèces par Patrice de Maistre à Eric Woerth, le juge a établi l'existence d'un rendez-vous entre les deux hommes dans un café près du QG de campagne de Nicolas Sarkozy le 19 janvier 2007, montrent les pièces dont fait état Le Monde.
C'est le lendemain du jour où Liliane Bettencourt a remis à Patrice de Maistre 50.000 euros retirés en France par l'ex-comptable Claire Thibout. Pour les 100.000 euros restants, le juge a établi par des investigations en Suisse que Patrice de Maistre s'y était rendu fin janvier 2007 pour rencontrer l'avocat René Merkt, lequel a confirmé qu'il avait été question de retraits d'argent en liquide.
Eric Woerth, mis en examen pour ces faits, nie avoir reçu de l'argent. Le Monde publie par ailleurs plusieurs témoignages, dont certains déjà connus, d'ex-employés de Liliane Bettencourt confirmant que Nicolas Sarkozy était venu en personne rendre visite à la milliardaire et son mari André - décédé fin 2007 - au moment de sa campagne.
L'ex-chauffeur Dominique Gautier a ainsi rapporté, selon l'extrait de sa déclaration publiée par Le Monde, des propos d'une gouvernante aujourd'hui décédée: «Mme Berger m'a dit que Sarkozy était venu pour un rendez-vous voir M. et Mme très rapidement et que c'était pour demander des sous».