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Le premier ministre Shinzo Abe veut amender la Constitution pacifiste d'après-guerre

Le nouveau et très conservateur Premier ministre du Japon, Shinzo Abe, a annoncé jeudi qu'il souhaitait changer la Constitution pacifiste d'après-guerre.

31 janv. 2013, 09:58
Avant même son arrivée au pouvoir fin décembre, Shinzo Abe avait déjà une solide réputation de "faucon" en politique étrangère.

L'idée du Premier ministre du Japon est loin de faire l'unanimité dans le pays et risque de provoquer de vives critiques à Séoul comme à Pékin.

Avant même son arrivée au pouvoir fin décembre, Shinzo Abe avait déjà une solide réputation de "faucon" en politique étrangère. Mais il avait semblé tempérer ses ardeurs nationalistes, toujours mal perçues dans une région où les contentieux de l'histoire ne sont toujours pas soldés, pour se concentrer sur la relance économique d'un Japon en berne.

Jeudi, le "faucon" est revenu: M. Abe a annoncé au Parlement qu'il voulait amender la Constitution d'après-guerre, imposée par les Etats-Unis. Avec en ligne de mire, sans toutefois le nommer ouvertement, l'article 9 qui consacre le pacifisme d'après-guerre du Japon vaincu et la renonciation "à jamais" à la guerre.

Il a dit souhaiter modifier l'article 96 qui régit tout amendement de la Charte rédigée par l'occupant américain et entrée en vigueur début 1947. "Je pense qu'il veut changer cet article 96 pour en abaisser les critères", estime Shoichi Koseki, un constitutionnaliste de l'Université Dokkyo.

Pas gagné d'avance

"C'est en tout cas un pas significatif pour la génération d'après-guerre", juge Tetsuro Kato, un professeur de l'Université de Waseda.

L'entreprise s'annonce toutefois incertaine, car l'article 96 est très contraignant: il stipule que les amendements doivent être introduits à l'initiative de la Diète (le parlement bicaméral) par vote des deux tiers au moins de tous les membres de chaque chambre.

Si, avec son allié du Nouveau Komeito, le PLD au pouvoir (Parti libéral-démocrate) domine très largement la chambre basse, ce n'est pas le cas au Sénat où des élections sont prévues cet été.

Les amendements doivent ensuite être approuvés soit par référendum avec une majorité de tous les suffrages exprimés, soit parallèlement à des élections. Là encore, rien ne garantit un "oui" d'une population globalement attachée au "pacifisme constitutionnel" selon des sondages.

Budget de la défense en hausse

Quel que soit le résultat final, le symbole est fort, surtout au moment où les relations avec Pékin sont au plus bas et où la Chine n'hésite pas à invoquer l'Histoire et le passé militaro-fasciste du Japon.

Durant la dernière campagne électorale, Shinzo Abe avait plusieurs fois évoqué sa volonté de redéfinir le concept de "forces d'auto-défense", la terminologie officielle, pour en faire une force armée à part entière.

Symboliquement, le budget de la défense 2013-2014, approuvé mardi par son gouvernement, est en hausse pour la première fois depuis 11 ans, à 4750 milliards de yens (environ 48 milliards de francs).

Shinzo Abe a en tout cas de la suite dans les idées: lors d'un premier passage à la primature, c'est lui qui avait fait adopter en mai 2007 une loi pour permettre un référendum national sur une révision de la constitution.

C'est également à son initiative que l'"Agence de défense" est devenue "Ministère de la défense". Cette fois il a promis de renommer les "Forces d'auto-défense" en "armée nationale".

Main dans la main avec les Etats-Unis

Quant à la Chine, avec laquelle les relations sont exécrables en raison d'un conflit territorial, M. Abe ne fait pas dans la langue de bois: "la montée en puissance militaire sans transparence et les activités maritimes chinoises sont des sujets de préoccupation pour toute la région, dont le Japon".

Diplomatiquement il se garde de prononcer le mot, mais l'esprit y est: pour "contenir" la Chine et ses ambitions maritimes, Shinzo Abe compte renforcer les liens avec l'Australie et les pays de l'Association des Nations d'Asie du sud-est (ASEAN).

Dernier volet de cette stratégie volontariste: le nouveau premier ministre entend revigorer la relation privilégiée avec les Etats-Unis.

Et Pékin a eu beau dénoncer il y a deux semaines le soutien de Washington à la "dangereuse tendance droitiste" du Japon, Shinzo Abe sait qu'il peut compter sur l'appui sans faille des Etats-Unis dans l'affaire des îles Senkaku (mer de Chine orientale).

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