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Le processus de paix entre dans le vif du sujet à Cuba

L'avenir du dernier conflit civil d'Amérique latine se discutera jeudi à Cuba. Les FARC rencontreront les représentants du gouvernement colombien sur l'île de Fidel.

13 nov. 2012, 07:14
Tanja Nijmeijer, membre des FARC, est d'origine néerlandaise.

Le processus de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla des FARC entre dans le vif du sujet jeudi à Cuba. L'île est l'hôte de négociations ardues dans l'espoir de résoudre le dernier conflit civil d'Amérique latine, vieux d'un demi-siècle.

Après un coup d'envoi symbolique donné le 18 octobre lors d'une réunion en Norvège, autre pays garant des pourparlers, des émissaires des deux camps doivent se retrouver à La Havane pour ouvrir des discussions dont la durée et l'issue demeurent incertaines.
 
L'île communiste, où sont hébergés les délégués des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), abrite depuis des mois des contacts discrets, qui ont abouti à l'ouverture de ces négociations. C'est la quatrième tentative de dialogue avec la rébellion marxiste.
 
"C'est le meilleur endroit possible. Cuba garantit aux deux parties un espace tranquille avec le meilleur isolement possible", assure le politologue Alejo Vargas, professeur à l'Université nationale de Bogota, soulignant que le régime inspire "beaucoup de respect" à la guérilla.
 
Thème crucial
 
Le ton adopté en Norvège par les chefs des équipes de négociateurs laisse toutefois présager de fortes tensions: appel à "déposer les armes" de l'ancien vice-président Humberto de la Calle face à la charge contre le capitalisme "assassin" du numéro deux des FARC Ivan Marquez.
 
Un calendrier a été arrêté pour les débats qui porteront d'abord sur le développement rural. C'est un thème crucial en Colombie où la concentration des terres est à l'origine de la naissance des FARC, fondées en 1964.
 
D'autres thèmes épineux figurent au menu: participation des rebelles à la vie politique, fin des hostilités, lutte contre le trafic de cocaïne dont le pays est le premier producteur au monde et, enfin, droit des victimes qui ont subi des exactions commises à la fois par la guérilla et l'armée.
 
Pas d'"agenda parallèle ou occulte"
 
Le conflit, qui a en outre mis en scène des milices paramilitaires d'extrême droite aujourd'hui démobilisées mais dont beaucoup de membres ont rejoint des gangs criminels, a fait plusieurs centaines de milliers de morts et près de 4 millions de déplacés, selon l'ONU. Au pouvoir depuis 2010, le président colombien, Juan-Manuel Santos, a appelé ses compatriotes à "cicatriser les blessures", tout en exhortant la guérilla à "respecter l'agenda convenu".
 
Les FARC ont démenti tout "agenda parallèle ou occulte". Mais l'une de ses porte-parole, Tanjia Nijmejier, recrue néerlandaise ayant rejoint la rébellion après des études en Colombie, a averti que la paix ne résulterait pas du "silence des fusils" mais de la "justice sociale". "C'est une négociation difficile, complexe, avec un niveau d'incertitude élevé", estime M. Vargas, qui affiche un "optimisme teinté de réalisme".
 
Outre la question des terres, l'analyste prévoit des difficultés juridiques autour des "amnisties" que vont réclamer les FARC. Le gouvernement a déjà suspendu près de 200 mandats d'arrêts visant les délégués des rebelles. Autre épée de Damoclès, l'absence de cessez-le-feu, Bogota refusant de relâcher la pression sur une guérilla affaiblie, après une traque militaire soutenue par les Etats-Unis qui a divisé ses troupes de moitié en dix ans.
 
L'illusion d'une "paix express"
 
Les FARC ne comptent plus, selon le gouvernement, que 9200 combattants, essentiellement repliés dans les régions rurales, où se déroulent la quasi-totalité des attaques. Une autre guérilla communiste, l'Armée de libération nationale (ELN), encore plus modeste avec 2500 rebelles, pourrait aussi se joindre aux négociations avec le gouvernement.
 
"Un cessez-le-feu serait théoriquement souhaitable mais c'est peu viable", estime M. Vargas, même si des avancées dans les négociations pourraient, selon lui, permettre de "diminuer l'intensité du conflit". Engagées dans une course contre la montre, les autorités ont fixé à "quelques mois" la durée des pourparlers, alors que les FARC ont mis en garde contre l'illusion d'une "paix express".
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