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Le procureur requiert 30'000 euros d'amende contre Dieudonné

L'humoriste Dieudonné, qui est poursuivi pour provocation de la haine raciale et injure, risque une peine de 30'000 euros d'amende.

28 janv. 2015, 20:18
Si le tribunal correctionnel de Paris suit les réquisitions du procureur, l'humoriste s'exposera à 300 jours en prison en cas de refus de paiement.

Une peine de 30'000 euros d'amende a été requise mercredi contre l'humoriste français Dieudonné. Il est poursuivi pour provocation à la haine raciale et injure après des propos à l'égard notamment du journaliste Patrick Cohen.

Si le tribunal correctionnel de Paris suit les réquisitions du procureur, l'humoriste s'exposera à 300 jours en prison en cas de refus de paiement. Dieudonné M'bala M'bala, 48 ans, a déjà été condamné à plusieurs reprises pour provocation à la haine raciale.

Il comparaissait mercredi pour avoir pris pour cible un journaliste vedette de la radio publique France Inter, Patrick Cohen. Dans son spectacle "Le Mur", il avait déclaré: "Si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps de faire sa valise. Quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage."

Ces propos étaient restés confidentiels jusqu'à leur diffusion dans un magazine sur France 2. La direction de Radio France les avait alors signalés au procureur de la République.

Dieudonné devait aussi répondre d'autres propos extraits de ce spectacle, interdit dans plusieurs villes de France début 2014 sur impulsion de Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur. L'humoriste avait clamé ne pas avoir "à prendre parti entre les Juifs et les nazis", ajoutant: "Je n'étais pas né, je ne sais pas qui a provoqué qui, qui a volé qui. Mais j'ai ma petite idée".

Cerveau malade

A la barre mercredi, il a assuré: "Je ne suis pas antisémite, parce que ça n'est pas drôle d'être antisémite". Il a estimé que si son public riait, c'est qu'il décelait une "distance". "L'instrumentalisation de l'antisémitisme à outrance (...) fait qu'à un moment, les gens ont besoin de rire."

Dieudonné a expliqué s'être senti "insulté" par Patrick Cohen quand celui-ci a évoqué, sur une chaîne de télévision, une liste de personnalités au "cerveau malade" qu'il ne souhaitait pas inviter dans ses émissions. Dieudonné y figurait.

Cerveau malade, "ça fait référence à des vieux poncifs caricaturaux sur l'homme noir", a dit Dieudonné. "J'ai été insulté par Monsieur Cohen, je lui réponds sur le terrain de l'humour", a-t-il ajouté. "Il faut être malhonnête pour essayer de trouver dans cette réponse une incitation à la haine."

"Traqué"

 

Dieudonné a dit avoir l'impression d'être "traqué dans chacune de ses répliques". Il a estimé que le Premier ministre Manuel Valls, qui l'a qualifié de "récidiviste de la haine", "s'acharnait" contre lui pour "l'empêcher de travailler."

Dieudonné s'est rapproché au fil de sa carrière des milieux islamiques, des communautaristes noirs et des négationnistes de la Shoah, faisant notamment monter sur scène Robert Faurisson lors de l'un de ses spectacles. Il a conduit une liste antisioniste aux élections européennes de 2009.

Célèbre pour sa "quenelle", geste interprété comme un salut nazi inversé par des associations mais qu'il présente comme une manifestation "antisystème", il a été condamné à plusieurs reprises pour provocation à la haine raciale et mis en examen en octobre 2014 pour fraude fiscale.

"Charlie Coulibaly"

La semaine dernière, il a été condamné à 6000 euros d'amende pour un appel aux dons visant à payer ses amendes. Il devra par ailleurs répondre le 4 février prochain d'apologie d'actes de terrorisme en raison d'un message posté sur Facebook après les attentats qui ont fait 17 morts début janvier.

Il avait écrit qu'il se sentait "Charlie Coulibaly", détournant le slogan "Je suis Charlie" en référence à l'un des trois auteurs des attentats, Amedy Coulibaly, qui a tué une policière et quatre juifs.

D'après son avocat, Me Sanjay Mirabeau, cette phrase traduisait le sentiment de quasi "schizophrénie" que ressentait son client, qui s'estime victime de censure, alors que des millions de personnes défilaient pour la liberté d'expression. "Il se sent traité comme un terroriste alors que c'est un humoriste", a-t-il dit avant le début de l'audience.

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