Les suppressions de postes se feront par le biais de 128 licenciements et 21 départs en pré-retraite pour les plus de 59 ans, a indiqué le comité d'entreprise.
Qualifiant le plan social de "lamentable", le comité a aussitôt annoncé une grève d'au moins un jour. Il prévoit aussi une "une campagne d'information sur l'incapacité de la direction" à faire vivre le journal.
Secteur en crise
Ce plan social est le dernier d'une longue série frappant les médias en Espagne. "El Mundo", l'autre grand journal du pays, a annoncé un plan social cet été touchant 130 personnes.
Au total, 7901 journalistes ont déjà perdu leur emploi dans le pays depuis le début de la crise en 2008, dont 3039 depuis janvier 2012, selon la Fédération des associations de journalistes espagnols (Fape).
Chute des revenus publicitaires
Avec la crise, journaux, radios et télévisions ont vu leur ventes et leurs revenus publicitaires fondre, tandis que les médias peinent à rentabiliser leurs sites internet.
"Il n'y a pas seulement une crise économique mais une crise du modèle économique des moyens de communication. Nous devons nous adapter" et cela signifie "avoir des gens rapides sur internet et être capables de rentabiliser l'internet", explique aussi à l'AFP Inaki Gil, directeur adjoint du journal "El Mundo".
Pour la direction d'"El País" aussi, la survie du journal passe par "une radicale transformation sur internet" du journal. Et selon elle, les mesures annoncées sont "douloureuses" mais "inévitables".
""El País" a perdu plus de 200 millions d'euros de revenus par rapport à 2007, alors que les effectifs sont restés stables. Le coût moyen par emploi à "El País" est de 88'000 euros" annuel, affirme la direction dans un texte diffusé mardi.
Direction contestée
Le personnel conteste ces chiffres. Il a adopté à une large majorité une motion de défiance contre le PDG du groupe Prisa et de "El País", Juan Luis Cebrian, "pour son manque de loyauté envers le personnel et sa gestion néfaste comme président".
"Le personnel dénonce les salaires exorbitants", dont celui de M. Cebrian qui a perçu 13 millions d'euros en 2011, a affirmé à l'AFP le président du comité d'entreprise, Manuel Gonzalez.
Au-delà des chiffres, les journalistes s'inquiètent de ces licenciements en série, qui visent souvent les anciens et qui "rompent la chaîne de l'apprentissage", s'alarme la présidente de la Fape, Elsa Rodriguez. "Ils ne reste que les jeunes qui font ce qu'on leur dit sans contester", ajoute-t-elle.
"Cela induit une perte de rigueur, une perte de qualité", estime Elsa Rodriguez qui ajoute: "la faiblesse du journalisme appauvrit la démocratie".