Une enquête planétaire réalisée par une centaine de journaux sur 11,5 millions de documents a révélé des avoirs dans les paradis fiscaux de 140 responsables politiques ou personnalités de premier plan, notamment l'entourage de Vladimir Poutine. Le monde du sport n'est pas épargné.
Des sociétés liées à la famille du président chinois Xi Jinping, qui affiche volontiers sa détermination à combattre la corruption, apparaissent également dans les documents révélés dimanche, tout comme le président ukrainien Petro Porochenko.
Ces documents, regroupés sous la dénomination "Panama papers" proviennent du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca. Celui-ci a estimé auprès de l'AFP dimanche que leur publication était un "crime" et une "attaque" contre le Panama.
Le gouvernement dudit pays a lui assuré dimanche qu'il "coopérera vigoureusement" avec la justice en cas d'ouverture d'une procédure judiciaire.
La manière dont les documents ont filtré n'est pas connue. Ils ont d'abord été obtenus par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) a ensuite réparti le travail d'exploitation, qui a duré environ un an, entre les publications membres. L'ICIJ précise sur son site internet que 370 journalistes de plus de 70 pays y ont participé.
En Suisse, le travail a été coordonné par la cellule enquête du "Matin Dimanche" et de la "SonntagsZeitung".
Chefs d’Etat, sportifs... 1ères révélations sur un système offshore mondial #PanamaPapers https://t.co/fBuoOyEpOP pic.twitter.com/V9WAwrFYWp
— L'important (@Limportant_fr) 4 avril 2016
Sociétés-écrans
Plus de 214'000 entités offshore sont impliquées dans les opérations financières dans plus de 200 pays et territoires à travers le monde, selon le consortium. Parmi les personnalités mentionnées dans les millions de documents figurent notamment des associés du président russe Vladimir Poutine, qui auraient détourné jusqu'à 2 milliards de dollars avec l'aide de banques et de sociétés écran, selon l'ICIJ.
Ils ont "falsifié des paiements, antidaté des documents et obtenu de l'influence occulte auprès des médias et de l'industrie automobile russes".
#PanamaPapers: 12 chefs d'Etat impliqués dans le scandalehttps://t.co/no8TRpf5ir pic.twitter.com/iCTZnwf4qh
— BFMTV (@BFMTV) 3 avril 2016
Pratiques nocives
Michel Platini aurait lui eu recours aux services du même cabinet d'avocats en 2007, l'année où il été désigné président de l'UEFA, pour administrer une société au Panama. Dans un communiqué à l'AFP, il a renvoyé vers "l'administration fiscale suisse, pays dont il est résident fiscal depuis 2007". Outre le football, d'autres sports comme le hockey et le golf sont également concernés, ajoute l'ICIJ.
"Ces révélations montrent à quel point des pratiques nocives et la criminalité sont profondément enracinées dans les places offshore", selon Gabriel Zucman, un économiste de l'université de Californie à Berkeley cité par le consortium basé à Washington.
#PanamaPapers Le plus massif des "leaks" journalistiques pic.twitter.com/F82MrkJ7gL
— Luc Bronner (@lucbronner) 3 avril 2016
WikiLeaks
Elles couvrent une période de près de 40 ans allant de 1977 à 2005, mentionnent encore des affaires réalisées dans les paradis fiscaux par le père aujourd'hui décédé de l'actuel Premier ministre britannique David Cameron, ou par des fonctionnaires proches d'Hugo Chavez, l'ancien président vénézuélien, mort en 2013.
Ces révélations rappellent celles de WikiLeaks, site spécialisé dans la diffusion de documents secrets créé en 2006. "La plus grande fuite de l'histoire du journalisme vient de voir le jour, et elle concerne la corruption", a commenté de son côté Edward Snowden, principal lanceur d'alerte sur les activités du renseignement américain.