Encore sous le coup des attentats, les bistrots parisiens ont peiné à faire le plein jeudi pour l'arrivée du Beaujolais nouveau. Le millésime 2015 est pourtant encensé par les professionnels et brandi comme symbole d'un art de vivre à défendre.
Dans des cafés déjà affectés par une baisse de fréquentation, les éternels débats sur le goût de banane ou de mûre de ce vin primeur ont fait place cette année à des considérations plus graves.
"En étant ici aujourd'hui, on ne fête pas vraiment le Beaujolais, on n'a pas trop le coeur à cela, mais on est solidaire. On fait travailler le bistrot", explique un client.
Achats divisés par deux
A l'UMIH, la principale organisation patronale de l'hôtellerie-restauration, on constate que les achats par les bars et restaurants de bouteilles de Beaujolais "sont divisés par deux".
Une cinquantaine de vignerons du Beaujolais ont, eux, décidé de sillonner la capitale en 2CV, "symbole de tradition française". "A l'heure où la culture et l'art de vivre français sont attaqués", la profession a choisi de maintenir les célébrations prévues, mais en les accompagnant d'une minute de silence.
Hommage au Japon
Le Beaujolais avait coulé à flots dès mercredi soir sur la place des Terreaux à Lyon, avec la traditionnelle percée des tonneaux à minuit. Une minute de silence y a été observée, non loin du parterre de fleurs et de bougies installé devant l'hôtel de ville.
Au Japon, premier client étranger pour le Beaujolais, les festivités ont aussi été marquées par un hommage aux victimes. "Nous nous sommes demandés si nous devions maintenir notre soirée, mais nous avons pensé que nous ne devions pas changer notre quotidien, et que ce serait un signe de soutien pour la France", a déclaré Yuji Yamazaki, PDG de Suntory Wine International, qui organisait une réception à Tokyo.
A Londres, où vit une nombreuse communauté française, Laurent Faure, propriétaire du "Vieux Comptoir", a aussi maintenu sa soirée Beaujolais nouveau, avec une minute de silence. "C'est important d'être ouvert, de dire à tout le monde que la vie continue, que nos valeurs continuent", a-t-il expliqué.