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Les Catalans votent symboliquement sur l'indépendance

Des centaines de milliers de Catalans ont voté dimanche lors d'une consultation symbolique sur l'indépendance. Ce scrutin sans précédent, mais sans valeur légale, devrait déboucher sur une large victoire du oui.

09 nov. 2014, 23:10
Pep Guardiola, ancien coach du FC Barcelone actuellement en poste au Bayern Munich, a voté dans la capitale catalane.

Selon les sondages, 80% des Catalans souhaitent une plus grande autonomie par rapport à l'Espagne et 50% sont favorables à l'indépendance pure et simple.

Des électeurs de tous âges, avec ou sans enfants, ont patienté longuement devant des bureaux de vote qui ont ouvert sous les applaudissements. Près de deux millions de personnes avaient déjà voté dimanche à 18h00, a annoncé l'exécutif catalan. Les bureaux de vote devaient fermer à 20h00 et les premiers résultats sont attendus lundi.

Selon le philosophe et politologue Josep Ramoneda, éditorialiste du quotidien "El Pais" (centre gauche) cette mobilisation constitue un camouflet pour le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy, "qui en ressort affaibli". Et pour le politologue de l'Université autonome de Madrid, Fernando Vallespin, "cela montre que le peuple catalan veut voter", sur l'indépendance, "mais de là à démontrer qu'il veut l'indépendance, c'est autre chose".

Référendum anticonstitutionnel

Cette "consultation citoyenne" se substitue à un référendum plus officiel, jugé inconstitutionnel, que voulaient organiser les dirigeants de la région. "Nous avons gagné le droit d'organiser un référendum", s'est félicité le chef du gouvernement local, Artur Mas, en déposant son bulletin.

"Nous faisons quelque chose de grand, ici en Catalogne, en défendant la liberté d'expression et en fixant l'avenir politique de notre pays", a-t-il ajouté. La dirigeante en Catalogne du Parti populaire (PP) au pouvoir, Alicia Sanchez-Camacho, a dénoncé quant à elle un "simulacre" de consultation sans aucune garantie légale ou démocratique.

Les organisations favorables à l'indépendance ont fait campagne pour que le taux de participation soit très important dans cette riche région, qui représente 20% du PIB espagnol. Plus de 40'000 volontaires sont venus aider à tenir et surveiller les bureaux de vote informels.

Pousser Madrid à discuter

Les indépendantistes radicaux espèrent qu'une forte participation conduira l'exécutif local à organiser des élections régionales anticipées. Ils souhaitent aussi qu'elle encouragera Madrid à négocier une plus grande autonomie pour la Catalogne dans les domaines politique et budgétaire. Certains espèrent même convaincre Madrid d'accepter à terme un référendum officiel sur l'indépendance.

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a toutefois minimisé l'importance du vote et assuré que celui-ci n'aurait aucune conséquence. "Ce n'est ni un référendum, ni une consultation, ni quoi que ce soit de ce genre", a-t-il insisté samedi en appelant les Catalans à "revenir à la raison".

Artur Mas a annoncé mercredi qu'il demanderait la semaine prochaine à M. Rajoy de renouer le dialogue sur une série de mesures économiques en faveur de la région. Parmi les mesures qu'il entend aborder figurent une augmentation des engagements financiers de Madrid envers la Catalogne et un renforcement des pouvoirs de l'exécutif local en matière fiscale.

Le mouvement pour l'indépendance existe depuis longtemps dans cette région, mais il s'est renforcé ces dernières années en raison de la crise économique. De nombreux Catalans jugent en effet qu'ils donnent trop à l'Etat et ne reçoivent pas assez.

Début septembre, encouragés par le référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, même si le "non" l'a finalement emporté, plusieurs centaines de milliers de Catalans étaient descendus dans les rues de Barcelone, formant un immense "V" pour demander le droit de vote.

Divisions

Pourtant, tous ne sont pas favorables à un divorce avec le reste de l'Espagne. Au sein même de Convergence et Union (CiU), le parti d'Arturo Mas, s'opposent les partisans de l'indépendance totale et ceux d'une autonomie renforcée au sein de l'Espagne.

"L'Espagne est une", insiste pour sa part Jose Jimenez, qui travaille dans un hôpital de Barcelone. "On essaie de favoriser le séparatisme mais, en fin de compte, c'est bien le gouvernement espagnol qui dirige notre pays. Cette consultation n'est pas une bonne chose."

Les résultats de la consultation devront être pris avec prudence, estiment les analystes. Ils soulignent que les partisans de l'indépendance sont nombreux à se déplacer pour aller voter, tandis que les partisans d'un maintien au sein de l'Espagne risquent de boycotter le scrutin.

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