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Les corps des deux journalistes de RFI rapatriés en France

Les corps de Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont atterri à Paris ce mardi matin. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé l'envoi de forces supplémentaires au Mali.

05 nov. 2013, 08:21
La directrice de RFI Cecile Megie (g), la présidente de France Medias Monde Marie-Christine Saragosse (3e à d.) et le correspondant de RFi au Mali Serge Daniel pleurent leur collègues morts au Mali.

L'avion transportant les corps des deux journalistes français de Radio France Internationale (RFI) assassinés samedi dans le nord-est du Mali a atterri mardi à 7 heures à l'aéroport parisien de Roissy, a-t-on appris de source aéroportuaire. Le vol AF3873 avait quitté Bamako tard mardi soir.

Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, ont été tués par balles samedi peu après avoir été enlevés par des hommes armés à Kidal, berceau des Touareg et de leur rébellion.

Vers une présence militaire française renforcée 

Dès samedi, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, avait indiqué que la sécurisation de la zone de Kidal devait être "accrue". "Ce n'est pas en quelques mois qu'une situation aussi inextricable que celle du terrorisme installé au nord du Mali en particulier peut se régler", a ajouté Najat Vallaud-Belkacem porte parole du gouvernement.

"Il va falloir amplifier de façon très déterminée les effectifs sur le terrain et pas seulement de l'armée française", analyse Pascal Le Pautremat, spécialiste des questions de défense. Selon lui, "il ne s'agit pas tant de gonfler les effectifs que de retarder le retrait annoncé" des soldats français. En clair, maintenir plus d'un millier d'hommes au-delà du mois de janvier, pour une durée qui reste à déterminer.

Calendrier bousculé

La force française, déployée au Mali en janvier 2013 pour chasser les groupes islamistes armés qui occupaient le nord du pays, devait jusqu'ici être maintenue à 2500 hommes jusqu'à fin 2013 et la fin du cycle des législatives, dont le premier tour est prévu le 24 novembre. Elle devait ensuite être ramenée à un millier d'hommes fin janvier.

En outre, l'approche des législatives maliennes contraint la France à agir vite si elle veut assurer la sécurité du scrutin. Paris fait en effet de la tenue de ces élections une priorité absolue pour la stabilité du Mali. Priorité réaffirmée samedi par François Hollande et son homologue malien Ibrahim Boubakar Keita.

Faible présence à Kidal

Avec un peu moins de 3000 hommes actuellement au Mali, les forces françaises sont surtout présentes à Bamako et dans la région de Gao, à un millier de kilomètres au nord-est de la capitale. A Kidal, environ 200 militaires français sont stationnés à l'aéroport.

"On peut prendre des mesures qui ne se traduisent pas forcément par un renforcement en nombre", souligne-t-on de source militaire. Les 200 hommes déployés à Kidal sont très mobiles et multiplient depuis des mois les opérations de "contrôle de zone" en ville et à l'extérieur pour empêcher la reconstitution des groupes jihadistes, précise-t-on. Le détachement a été relevé le 8 octobre par des hommes du dispositif Epervier venus du Tchad.

Au-delà des seuls effectifs français, les spécialistes militaires soulignent la faiblesse de la force des Nations unies au Mali (Minusma), censée prendre le relais des Français et qui peine à monter en puissance.

Agir dans la durée

Alors que l'objectif est de porter la Minusma, formée principalement de contingents africains, à 12'000 hommes fin 2013, elle plafonne actuellement à 6300 soldats. Elle est surtout dramatiquement sous-équipée en moyens lourds, véhicules blindés, hélicoptères, et dépend largement du soutien des forces françaises.

Même constat pour l'armée malienne, qui n'est pas équipée des moyens nécessaires pour jouer pleinement son rôle et dont la présence à Kidal est rejetée par la rébellion touareg. "On a oublié que ramener la sécurité dans une zone aussi vaste que le nord Mali implique un investissement humain sur la durée et une vision politique sur le moyen et le long terme", relève Pascal Le Pautremat.

Pour le général Vincent Desportes, ancien patron de l'Ecole de guerre, après les succès de l'opération Serval, l'instabilité dans le nord du Mali témoigne des difficultés des armées françaises à agir dans la durée, faute d'effectifs et de moyens suffisants.

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