Les forces irakiennes sont entrées mercredi dans Tikrit, ont annoncé les autorités irakiennes. Il s'agit d'une nouvelle percée dans l'offensive lancée il y a 10 jours pour reprendre cette ville du nord de l'Irak des djihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Le gouverneur de la province de Salaheddine a annoncé que les forces gouvernementales avaient pris le contrôle d'une partie du quartier de Qadisiyah, dans le nord de la ville. Le drapeau national irakien a été hissé sur un hôpital militaire situé dans ce quartier, ont indiqué des responsables de la sécurité.
"Il y a encore de violents combats près du palais présidentiel qui se trouve juste à côté", a précisé un officier au centre de commandement irakien. L'EI a établi son quartier général dans le complexe présidentiel fortifié, construit sous Saddam Hussein.
"Nous nous engageons dans une bataille délicate, car nous n'avons pas en face des combattants au sol mais un terrain piégé et des snipers. Nous avançons lentement, au rythme d'une rue (reconquise) toutes les 30 minutes", a ajouté la même source.
Miliciens chiites
Parmi les hommes qui ont pénétré dans le quartier de Qadisiyah figurent des soldats, des policiers, ainsi que des Unités de mobilisation populaire composée de miliciens chiites. Les forces irakiennes encerclent Tikrit depuis des jours. Mais elles n'avaient pas encore tenté d'entrer dans la ville, préférant mener de petites opérations et assiéger les djihadistes.
Plus de 20'000 soldats et membres des unités Hachid Chaabi (milices chiites), appuyés par des combattants tribaux, participent à cette offensive, qui ne bénéficie pas du soutien aérien de la coalition internationale formée par les Etats-Unis.
L'armée irakienne est en revanche appuyée par l'Iran. Selon le plus haut gradé américain, le général Martin Dempsey, Téhéran soutient les milices chiites irakiennes et leur aurait fourni artillerie, entraînement et "certaines informations".
La prise de la ville de Tikrit permettrait aux forces gouvernementales et à leurs alliés de concentrer leur attention sur Mossoul, principal objectif de la campagne en cours.
Attentats
Au même moment, à quelque 100 kilomètres à l'ouest de Bagdad, les djihadistes ont lancé une attaque spectaculaire, coordonnée, dans Ramadi, le chef-lieu de la province d'Al-Anbar où ils sont entrés il y a plus d'un an, bien avant leur fulgurante percée de juin 2014.
Douze voitures piégées ont explosé au même moment, à l'aube, aux quatre coins de la ville. Au moins sept d'entre elles étaient conduites par des kamikazes et visaient les forces de sécurité, selon la police. Au moins 17 personnes sont mortes et près de 40 ont été blessés, selon un responsable de police et un docteur de l'hôpital de Ramadi.
Dans et autour de la capitale, au moins 17 personnes ont par ailleurs été tuées dans cinq attaques, dont neuf dans un attentat à la voiture piégée dans le quartier de Hurriya à Bagdad.
Offensive en Syrie
De l'autre côté de la frontière, en Syrie, l'EI a lancé une offensive majeure pour tenter de conquérir la ville kurde de Ras al-Ain (nord), frontalière de la Turquie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Située dans la province de Hassaké, Ras al-Ain est contrôlée par la principale milice kurde de Syrie, les YPG. Les combats ont fait des dizaines de morts dans les deux camps, selon l'OSDH, une organisation proche de l'opposition syrienne.
"Moment critique"
Aux Etats-Unis, le secrétaire d'Etat John Kerry a pressé mercredi le Congrès d'autoriser formellement le président Barack Obama à mener la guerre contre l'EI en Irak et en Syrie.
Le chef de la diplomatie américaine a réclamé aux parlementaires "les moyens pour que l'Amérique et ses représentants parlent d'une voix unique et forte, au moment critique où l'EI perd de son élan et donne des signes de fragmentation".