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Les méduses tuent plus que les requins

Qui de la méduse ou du requin est le plus dangereux? Pas forcément celui qu'on pourrait croire. La méduse tue en effet dix fois plus que le héros des "Dents de la mer."

08 août 2012, 11:19
Depuis 2004, deux baigneurs ont été tués dans les eaux turquoises qui entourent le Cap. La dernière victime en date est un jeune surfeur de 20 ans: un requin de cinq mètres lui a arraché la jambe le 19 avril. Il n'a pas survécu à sa blessure.

 Malgré son aileron et ses impressionnantes mâchoires, le requin tue dix fois moins que les méduses, soulignent des spécialistes. Pour eux, la psychose suscitée par les squales, comme à l'île de La Réunion, reste sans rapport avec le nombre d'attaques fatales dans le monde.

Depuis dix ans, entre cinquante et cent attaques de requins sont recensées chaque année contre l'homme, pour moins de dix morts en moyenne, selon l'"International Shark Attack File", la référence statistique dans ce domaine.

"Les méduses, par exemple, tuent environ 100 personnes chaque année", indique Robert Calcagno, directeur général de l'Institut et du Musée océanographique de Monaco.

D'un point de vue purement statistique, les squales apparaissent aussi bien moins dangereux que les éléphants, qui "tuent 600 personnes par an", les scorpions (5000 décès) ou les serpents (100'000), énumère-t-il.

Les attaques de requins passent toutefois rarement inaperçues et sont deux fois plus nombreuses aujourd'hui que dans les années 80. Elles peuvent être attribuées à quatre espèces principales: le célèbre requin blanc des "Dents de la mer", le requin tigre, le requin bouledogue et le requin taureau.

A l'île française de La Réunion, les attaques se multiplient depuis un an et ont causé la mort d'un jeune surfeur en juillet. Les requins bouledogues et tigres sont dans le collimateur des autorités locales qui ont demandé lundi la capture d'une vingtaine d'animaux dans le cadre d'une pêche à "caractère scientifique".

Effectifs en baisse

Pour les spécialistes de l'animal, l'augmentation de la pratique du surf et des sports nautiques explique vraisemblablement la hausse des attaques au niveau mondial. La raréfaction du poisson pourrait aussi inciter les requins à aller chercher de la nourriture dans des endroits où ils n'allaient pas auparavant.

Les effectifs de requins, eux, sont globalement en baisse. Les squales sont victimes d'une pêche importante pour satisfaire la demande en Asie, où les ailerons sont considérés comme un aphrodisiaque. Ainsi, entre 30 et 70 millions de requins seraient capturés chaque année.

Certaines espèces sont même aujourd'hui menacées d'extinction, un problème pour l'avenir des océans. "Les requins sont indispensables aux écosystèmes marins", relève Philippe Vallette, directeur général du Centre de la mer Nausicaa, à Boulogne-sur-mer, dans le nord de la France.

"S'ils disparaissent, ils ne font plus leur métier de top-prédateurs qui est de manger les prédateurs au-dessous d'eux", explique l'océanographe. L'équilibre des milieux où les requins régnaient est profondément modifié.

Comportement mal connu

Pour combattre la psychose anti-requin, le scientifique estime qu'il faudrait davantage l'étudier, car "on connaît encore très mal le comportement des requins". Il faut aussi, peut-être, sensibiliser toujours plus les surfeurs sur les moments de la journée ou les conditions de turbidité de l'eau à éviter.

"Il faut être plus raisonnable, et apprendre à composer avec la nature", plaide Catherine Vadon, maître de conférence au Muséum d'Histoire naturelle à Paris. L'océanographe regrette que les autorités de la Réunion aient fait le choix d'"éradiquer" vingt requins.

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