Les six membres de la famille Badler ont les traits tirés à cause de nuits sans sommeil, écourtées par les cris des nourrissons, et de journées interminables passées dans la clandestinité. Après le début de la guerre syrienne, ces habitants d’Alep pensaient trouver un refuge naturel en Russie. Les voici, pour une partie d’entre eux devenus indésirables à Moscou, vivant dans deux appartements à la périphérie de la capitale, d’où ils ne sortent que rarement. «Du fait que je n’ai pas de papiers, j’ai peur de me faire arrêter dans la rue», explique Ahmed, le cadet, âgé de 17 ans. Accompagné de sa mère et de sa sœur, ce dernier a fui le pays en juillet 2012 et rejoint son frère et son père qui, eux, résident à Moscou, depuis respectivement neuf et quinze ans. L’aîné, employé au noir dans une pâtisserie, a la nationalité russe.
Jusqu’à l’été 2014,...