Dans un communiqué, des jeunes révolutionnaires égyptiens donnent cinq jours au chef de l'Etat, engagé dans une sourde lutte de pouvoirs avec les généraux du CSFA, pour répondre à la question suivante: "Est-il le président du peuple égyptien et va-t-il remettre en liberté les détenus comme il l'a promis ?"
"Nous attendons une réponse claire du Dr Mohamed Morsi", a confié à la presse un militant, Ahmed Domma. "Est-il un président doté de toutes ses prérogatives, dont le droit de libérer des détenus, ou cette question demeure-t-elle, comme auparavant, entre les mains du Conseil suprême des forces armées ?"
Commission créée
Mohamed Morsi a réagi à cet appel en créant une commission d'enquête chargée d'examiner les dossiers de tous les détenus inculpés par la justice militaire depuis le 25 janvier 2011, date du début du soulèvement ayant abouti au renversement d'Hosni Moubarak, a rapporté l'agence de presse officielle.
Cette commission, présidée par un juge, devra lui rendre ses conclusions dans un délai de deux semaines.
Composée de représentants des ministères de la Justice et de la Défense, de la société civile et du mouvement révolutionnaire, elle est habilitée à rendre visite aux prisonniers dans tous les centres de détention.
Elle examinera aussi les dossiers des activistes condamnés par la justice civile.
Acquis menacés?
Samedi, les généraux, qui assuraient la transition depuis la chute d'Hosni Moubarak en février 2011, ont remis leur pouvoir au président civil élu tout en faisant clairement savoir qu'ils entendaient conserver une bonne partie de leur influence, considérable.
Les jeunes révolutionnaires, qui ont été le ferment de "la révolution du Nil", redoutent que les acquis du mouvement ne soient menacés. Ils invoquent notamment le décret publié peu avant le second tour de l'élection présidentielle remportée par le candidat des Frères musulmans et redonnant le droit à l'armée de procéder à des arrestations de civils.
Selon des organisations de défense des droits humains, quelque 16.000 civils, y compris des enfants, ont été jugés à huis clos par des tribunaux militaires en 2011, soit plus que durant les 29 ans de règne d'Hosni Moubarak.
Chahira Abouellail, co-fondatrice de l'ONG "Non aux tribunaux militaires", estime qu'entre 8.000 et 10.000 d'entre eux sont toujours aujourd'hui derrière les barreaux. Il n'existe aucune statistique officielle en la matière.