TANGI SALAÜN
Interminable, la file d'électeurs serpente au pied d'une statue géante de Nasser, comme un pied de nez de l'histoire à l'homme qui imposa à l'Egypte le parti unique. Pour ces premières élections "libres" de l'ère post-Moubarak, ils sont des centaines à attendre dès l'aube devant l'école de Garden City, centre électoral réservé aux hommes, à quelques encablures de la place Tahrir. Ni les violences de la semaine dernière, ni un mode de scrutin complexe, mélange de proportionnelle et d'uninominal, ni la profusion de nouveaux partis n'ont découragé les Egyptiens de voter. "Ça fait soixante ans que j'attends ce moment. Je ne sais pas pour qui voter, mais rien ne m'aurait empêché de venir" , répète un vieil homme appuyé sur sa canne. "Certains de mes amis ont eu peur de voter aujourd'hui, mais si tout se passe bien, ils viendront demain" , lui répond son voisin. Le premier...