Le président ougandais, Yoweri Museveni, a promulgué lundi une loi controversée qui durcit drastiquement les sanctions contre les homosexuels. Il a pris cette décision malgré les protestations du Royaume-Uni et des Etats-Unis.
Selon la nouvelle loi, les faits d'"homosexualité grave", c'est-à-dire les rapports sexuels accomplis avec un mineur ou en étant porteur du VIH, seront passibles de la prison à vie.
Le texte criminalise pour la première fois l'homosexualité féminine, et qualifie aussi de crime le fait de faciliter les rapports homosexuels d'autres personnes.
Les défenseurs des droits des homosexuels en Ouganda ont annoncé leur intention de contester le texte devant la justice.
Applaudissements
Yoweri Museveni a été salué par les applaudissements de responsables ougandais lorsqu'il a apposé sa signature au texte, devant un public de journalistes étrangers.
Les organisations de défense des homosexuels craignent que le texte pousse d'autres pays à renforcer les peines encourues pour des rapports entre personnes du même sexe, à dissuader leurs habitants de passer des tests de dépistage du VIH et à empêcher les homosexuels de vivre de façon ouverte.
L'homosexualité est illégale dans 37 pays d'Afrique.
Washington réexaminera ses relations
Selon un porte-parole du gouvernement, Yoweri Museveni a signé la loi en public pour "démontrer l'indépendance de l'Ouganda face aux pressions et aux provocations occidentales".
La semaine dernière, le chef de l'Etat avait repoussé l'échéance pour permettre éventuellement à des scientifiques de démontrer que l'homosexualité résulte d'un déterminisme génétique et non d'un choix délibéré. Le rapport ayant conclu qu'aucun "gène" ne prédéterminait à l'homosexualité, Yoweri Museveni s'est estimé libre de promulguer la loi.
Le président Barack Obama avait averti que la promulgation du texte compliquerait les relations bilatérales et serait un "grand bond en arrière pour tous les Ougandais". Les Etats-Unis fournissent une aide annuelle de 400 millions de dollars à Kampala.
Lundi après-midi, après l'annonce de la promulgation de la loi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est dit "très déçu" et a déclaré que les Etats-Unis allaient réexaminer leurs relations avec l'Ouganda, notamment leurs programmes d'assistance.
La Norvège et le Danemark ont aussi annoncé la suspension de leur aide financière à Kampala.
Allié important
L'Ouganda est un allié important des puissances occidentales dans la lutte contre l'extrémisme islamique en Somalie, où le gros des forces de maintien de la paix de l'Union africaine provient de l'armée ougandaise.