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Mali: les militaires rendent le pouvoir, l'anarchie dans le Nord demeure

Les militaires maliens ont rendu le pouvoir aux civils. L'anarchie dans le nord du pays demeure.

07 avr. 2012, 17:27
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Deux semaines après avoir pris le pouvoir à Bamako par un coup d'Etat, les militaires maliens, sous pression des pays voisins, ont décidé de le rendre aux civils. La première des priorités gouvernementales sera de tenter de pacifier le nord-malien tombé aux mains de rebelles touareg et islamistes.

Vendredi soir, le capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de la junte qui avait renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré, accusé "d'incompétence" dans sa gestion de la situation dans le Nord, est apparu à la télévision-nationale pour annoncer le transfert du pouvoir aux civils.

Ce transfert prévoit la désignation d'un président de la République et d'un Premier ministre de transition jusqu'à la tenue d'élections (présidentielle et législatives). Il est contenu dans un "accord-cadre" conclu avec les représentants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).

Selon le communiqué diffusé vendredi soir à Bamako, l'armée remettra ses pouvoirs au président du Parlement, Diouncounda Traoré, qui prêtera serment en tant que président par intérim et sera chargé d'organiser des élections dans un délai de 40 jours. Le capitaine Sanogo a annoncé samedi que le transfert de pouvoir convenu avec la Cedeao devrait intervenir "dans les jours à venir".

Levée des sanctions

Après avoir imposé le 2 avril un embargo diplomatique, économique et financier "total" à la junte, la Cédéao a dépêché à Bamako des négociateurs conduits par le ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibrill Bassolé. Juste après l'accord, elle a décidé la levée "immédiate" de ses sanctions.

Aux termes de cet accord, les auteurs du coup d'Etat se voient offrir l'amnistie. Le document de cinq pages précise que le président Touré doit pouvoir être protégé et libre de choisir sa résidence.

Soulagement

Dans les rues de Bamako, de nombreux Maliens se sont déclarés soulagés samedi après l'accord signé la veille. Interrogé par Radio France internationale (RFI), Tiébilé Dramé, chef de l'un des plus importants partis politiques maliens, le Parti pour la renaissance nationale (Parena), a salué "les efforts énormes accomplis" par la Cédéao pour parvenir à cet accord, ainsi que "l'esprit de sagesse de la junte".

A Paris, le gouvernement français s'est lui aussi réjoui de l'accord et, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, "(...) invite tous les acteurs maliens à mettre en oeuvre sans délai ses dispositions".

Effet d'annonce

Mais la situation dans le nord du pays hypothèque la tenue d'élections dans les délais prévus. Les trois capitales administratives de Kidal, Gao et Tombouctou y sont contrôlées depuis une semaine par les rebelles touareg, les groupes islamistes armés et d'autres groupes criminels.

Les populations du Nord sont victimes d'exactions, de pénuries et de la sécheresse, qui cumulés, ont "des effets dévastateurs", selon les organisations humanitaires internationales.

La proclamation d'indépendance vendredi par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg), unanimement rejetée en Afrique et dans le reste du monde, ajoute à la confusion dans cette région meurtrie.

Aqmi à Tombouctou

Cette proclamation unilatérale ressemble plus à un effet d'annonce qu'à une réalité sur le terrain: le MNLA semble avoir été marginalisé par les islamistes du mouvement Ansar Dine (Défenseurs de l'islam) d'Iyad Ag Ghaly, figure des ex-rébellions touareg des années 1990, appuyé par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dont trois des principaux chefs ont été vus à Tombouctou avec lui.

La Cédéao a menacé vendredi de recourir à la force pour préserver "l'intégrité territoriale" du Mali après la déclaration d'indépendance du MNLA, qu'elle a catégoriquement rejetée. L'organisation ouest-africaine - 15 membres, dont le Mali - envisage d'y envoyer une force militaire de 2000 à 3000 hommes.


 
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