Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Marseille: une psychiatre jugée pour avoir laissé sortir un de ses patients devenu criminel

Le procès d'une psychiatre, accusée d'avoir laissé sortir un de ses patients devenu criminel, s'ouvre ce mardi à Marseille. C'est une première en France.

13 nov. 2012, 06:58
The doctor's room in the high-security wing of the Clinic for Forensic Psychiatry at the Psychiatric Center Rheinau in the canton of Zurich, Switzerland, pictured on June 24, 2009. The Clinic for Forensic Psychiatry is the center of competence for crisis intervention, penal assessment and psychiatric sanctions concerning imprisoned delinquents in the German speaking part of Switzerland. (KEYSTONE/Gaetan Bally)

Arztzimmer im Hochsicherheitsbereich der Klinik fuer Forensische Psychiatrie im Psychiatriezentrum Rheinau im Kanton Zuerich, aufgenommen am 24. Juni 2009. Die Klinik fuer Forensische Psychiatrie ist das Kompetenzzentrum der deutschsprachigen Schweiz fuer die Krisenintervention, die strafrechtliche Begutachtung und die Massnahmepsychiatrie bei Straftaetern in Haft. (KEYSTONE/Gaetan Bally)
Un médecin psychiatre de l'hôpital Edouard-Toulouse de Marseille, le Dr Danièle Canarelli, 57 ans, doit répondre ce mardi après-midi d'homicide involontaire devant le tribunal correctionnel de la ville à la suite d'un meurtre commis par un de ses patients. C'est la première fois en France qu'un praticien est ainsi jugé pour sa mise en cause dans le cadre du suivi d'un de ses malades.

Le 9 mars 2004, Joël Gaillard, hospitalisé dans l'établissement depuis 2001, avait tué à coups de hachette un homme de 83 ans, Germain Trabuc, devant son domicile à Gap (Hautes-Alpes), au prétexte qu'il aurait voulu détourner l'héritage de sa grand-mère dont il était le compagnon.

La juge d'instruction qui a renvoyé le médecin devant le tribunal estime que la psychiatre, qui le suivait depuis longtemps, n'a jamais posé le juste diagnostic de schizophrénie et n'aurait pas dû le laisser sortir à l'essai. Elle s'appuie pour cela sur les avis convergents posés par les nombreux psychiatres qui ont examiné antérieurement le patient.

Le Dr Canarelli affirme a contrario avoir toujours prescrit les neuroleptiques adaptés à la pathologie de Joël Gaillard, d'autant que les antipsychotiques à "effet retard" n'existaient pas jusqu'en 2004. Son avocat, Me Sylvain Pontier, plaidera donc la relaxe. "Ma cliente a soigné M. Gaillard avec toute la rigueur qu'impose sa déontologie", martèle-t-il.

Il aurait fallu "fermer les portes"

De son côté, Me Gérard Chemla, au nom de la famille de la victime, entend soulever les divers errements commis dans le suivi du patient. "Il n'y a pas d'exemple d'un tel entêtement dans le déni de la part d'un médecin psychiatre. Elle n'a jamais su prendre la mesure de la gravité de la situation, et cela contre l'avis de tous les autres psychiatres", insiste l'avocat de la famille Trabuc.

Joël Gaillard avait été admis à plusieurs reprises en hospitalisation d'office à Edouard-Toulouse à la suite de divers actes de violences. Il avait été déclaré irresponsable pénalement.

Selon le magistrat instructeur, il aurait fallu "positionner à l'avance des renforts infirmiers et fermer les portes". "Le Dr Canarelli ne saurait soutenir aujourd'hui qu'elle a été attentive et diligente", insiste-t-il dans son ordonnance. "Il aurait été conforme à la pratique courante à l'égard des patients estimés dangereux de prendre des mesures élémentaires de sûreté afin de limiter les risques de fuite". La juge rappelle que la psychiatre avait été alertée par les proches de Joël Gaillard eux-mêmes des risques de passage à l'acte dans le cadre d'un conflit familial exacerbé.

En 2007, le fils de l'octogénaire avait déposé plainte contre l'hôpital Edouard-Toulouse et l'Etat. Le tribunal administratif de Marseille a mis l'hôpital hors de cause mais chargé l'Etat, "responsable sans faute", d'indemniser Michel Trabuc à hauteur de 15.000 euros. Ce dernier avait fait appel du jugement, réclamant la mise en cause à la fois de l'hôpital et de l'Etat. En octobre 2009, la cour administrative d'appel de Marseille a condamné le centre hospitalier à verser 15.000 euros à Michel Trabuc en estimant qu'"il appartenait à l'hôpital Edouard-Toulouse de prendre les mesures de surveillance renforcée qu'exigeait l'état de Joël Gaillard".

Le Dr Canarelli encourt jusqu'à cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende. Le jugement devrait être mis en délibéré.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias