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Montréal: la population continuerait d'appuyer le gouvernement

Beaucoup de grogne et de créativité, mais finalement un gain politique pour le gouvernement québécois: tel paraît être le bilan provisoire du conflit étudiant à l'heure où le mouvement, un peu essoufflé, entre dans son cinquième mois.

15 juin 2012, 06:46
Le leadeur du gouvernement du libéral de centre-droit Jean Charest répondant aux questions de l'opposition.

Le gouvernement de centre-droit du libéral Jean Charest battait des records d'impopularité depuis l'automne. Il avait vu dans la question de la hausse des frais de scolarité une planche de salut potentielle: la majorité de la population l'approuvait.

Le parti de M. Charest a certes subi lundi une défaite humiliante face à l'opposition lors d'une élection partielle dans une circonscription qu'il détenait depuis 46 ans. Mais le calcul politique réalisé il y a six mois apparaît aujourd'hui plutôt bon.

S'il est possible que la crise connaisse une nouvelle flambée à la reprise des cours à la mi-août, à l'heure actuelle, avec l'arrivée de l'été, les manifestations et les concerts de casseroles s'étiolent. Le pouvoir, resté ferme, semble avoir toujours l'appui de la majorité de la population face aux étudiants.

Cultiver une polarisation

A l'affiche d'une rencontre organisée mercredi soir, quatre mois jour pour jour après le déclenchement de la première grève des étudiants, une question: «Que cache le conflit étudiant pour durer si longtemps?».

«Je crois que la crise dure, en partie, parce que le gouvernement veut qu'elle dure», répond Marcos Ancelovici, professeur de sociologie à l'université McGill à Montréal. La loi adoptée à l'initiative du gouvernement et limitant le  droit de manifester (loi 78) «contribue à tout cela, le gouvernement cherche à cultiver une polarisation», a-t-il poursuivi. Selon le sociologue, le parti libéral fait passer le message suivant: «L'économie et l'ordre, c'est nous; l'endettement, le chaos, la rue, c'est le Parti québécois» d'opposition. Le parti d'opposition a fait le pari d'appuyer les étudiants. Sa dirigeante Pauline Marois a même arboré leur carré rouge au parlement.

Ne pas céder

Selon Madeleine Gauthier, sociologue de l'Observatoire Jeunes et  Société, il n'y a pas de volonté de dialogue du côté du gouvernement. Elle explique en substance que le gouvernement, fort de sa majorité au parlement, aurait tout simplement décidé de ne pas céder aux revendications des étudiants.

Pour un autre participant au débat, l'ancien dirigeant étudiant Pier-André Bouchard-Saint-Amand, «la posture de la loi et l'ordre (des libéraux) les rend plus populaires que la résolution du conflit auprès de leurs électeurs». Le gouvernement québécois, de son côté, affirme que la «porte est  toujours ouverte». La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, avait quitté la table des négociations le 31 mai dernier après quatre jours d'intenses discussions.

Autre point de vue

Si ce conflit s'éternise, c'est aussi en raison de la créativité des protestataires, relève Marcos Ancelovici. «Depuis quatre mois, c'est beaucoup d'innovations: des manifestations illimitées, des manifestations par groupes décentralisés, des occupations de ponts, de ports, de buildings, et les casseroles évidemment», explique le  sociologue.

Devant une salle acquise à la cause étudiante, le sociologue et chroniqueur au «Journal de Montréal» Mathieu Bock-Côté a tenu à rappeler qu'il existait un autre point de vue, partagé par 51% des Québécois, qui se déclarent pour la loi spéciale, selon un récent sondage.

Il a appelé «à éviter de transformer le désaccord civilisé, nécessaire et indispensable en démocratie, en mépris hautain ou silencieux pour ceux» qui ne sont pas du même avis, a-t-il dit. Et  d'inviter le public à ne pas «croire que l'autre camp n'est pas éclairé, que l'autre camp est manipulé».

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