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Mort d'un manifestant en France: une grenade serait à l'origine du drame

Le président François Hollande souhaite que la vérité soit faite sur la mort d'un jeune militant écologiste dans le sud-ouest de la France. Son corps a été découvert dimanche, après des affrontements entre des manifestants opposés à la construction du barrage de Sivens destiné à l'irrigation et les forces de l'ordre. La famille de la victime s'apprête à déposer plainte pour "homicide volontaire". La thèse de la grenade est privilégiée

28 oct. 2014, 22:36
Francois Hollande a donné sa conférence de presse bisannuelle ce jeudi à l'Elysée.

La famille de Rémi Fraisse, 21 ans, mort dimanche sur le site du barrage de Sivens dans le Tarn, en France, s'apprêtait à déposer plainte mardi, notamment pour "homicide volontaire". Dans le même temps, la polémique sur les causes du décès ne cesse d'enfler. La thèse d'une grenade lancée par les gendarmes est désormais privilégiée, selon le procureur.

Des traces de TNT, un explosif entrant dans la composition des grenades, ont été retrouvées sur les vêtements de Rémi Fraisse, a indiqué en fin d'après-midi le procureur d'Albi Claude Dérens à la presse.

"La mise en oeuvre d'un explosif militaire de type 'grenade offensive' semble acquise au dossier", a dit le magistrat. Il a précisé que "le TNT figure dans la composition des charges des grenades lacrymogènes ou offensives utilisées par les gendarmes". Selon une source sécuritaire, les grenades offensives provoquent un effet de souffle mais ne sont pas destinées à tuer.

"Pas une bavure"
Lundi, le procureur d'Albi avait déjà annoncé que le décès était "vraisemblablement" dû à une "explosion". M. Dérens a en outre annoncé qu'il se dessaisissait de l'enquête au profit du parquet de Toulouse, le code de procédure pénale imposant "la compétence de la juridiction militaire", à savoir le pôle de l'instruction de Toulouse.

Le Défenseur des droits Jacques Toubon a annoncé de son côté avoir décidé de se saisir d'office "de la mort de ce jeune homme", en tant qu'autorité indépendante.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a aussitôt annoncé la suspension de l'utilisation de ces grenades dans l'attente des résultats d'une inspection sur leurs conditions d'utilisation lors d'opérations de maintien de l'ordre. Il a aussi déclaré: "Non, il ne s'agit pas d'une bavure (...) on ne peut pas présenter les choses ainsi".

Réaction de François Hollande
Dans sa première réaction après la mort, le président français François Hollande a promis "toute la vérité sur ce qui s'est passé". Prônant "l'apaisement", il a appelé à "une responsabilité que chacun doit avoir, dans son expression" face au décès, une allusion à la charge sonnée par les écologistes.

Des responsables écologistes ont en effet mis en cause les forces de l'ordre. La députée Cécile Duflot, ex-ministre du Logement, a par exemple qualifié, sur France Info, la mort du manifestant de "tache indélébile sur l'action du gouvernement". Elle a demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire.

Des critiques dans lesquelles le ministre de l'Intérieur a vu une instrumentalisation politique. M. Cazeneuve a reçu lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale le soutien du premier ministre. Manuel Valls a affirmé qu'il "n'accept(ait) pas les mises en cause (...) à l'encontre du ministre de l'Intérieur". Il a défendu "l'action des policiers et des gendarmes", appelant à "la décence et la tempérance".

Les accusations de "violences policières" ont suscité une vague de manifestations, voire de heurts, dans plusieurs villes de France, dont Albi, où les CRS patrouillaient en nombre aujourd'hui. Plusieurs autres rassemblements ont eu lieu, dans le calme, comme à Bayonne, Montpellier ou encore Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Deux plaintes
L'avocat de la famille Fraisse, Arié Alimi, devait elle déposer deux plaintes à Albi: l'une pour "homicide volontaire" et l'autre pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Pour l'instant, le flou reste entier sur les circonstances de la mort du jeune homme, tombé lors d'affrontements avec les forces de l'ordre dimanche à 2h sur le site du barrage.

L'enquête est toujours en cours. M. Fraisse est le premier mort lors de la répression d'une manifestation par les forces de l'ordre depuis 1986 en France métropolitaine. Plusieurs témoins assuraient de son pacifisme. Dans un communiqué, France Nature Environnement indique que "Rémi était un jeune bénévole actif au sein d'un groupe botanique".

Le conseil général du Tarn est maître d'ouvrage de cette retenue d'eau. Son président, le socialiste Thierry Carcenac, doit s'exprimer vendredi devant l'assemblée départementale. "Il va demander à ses collègues du conseil général de suspendre sine die" les travaux, "pour rediscuter avec l'ensemble des parties prenantes au dossier", a assuré le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé.

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