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Moscou menace de soutenir les élections séparatistes

Moscou a averti qu'il reconnaîtrait les élections organisées dimanche prochain par les séparatistes de l'Est de l'Ukraine. Un défi à Kiev, en pleine réunion avec l'UE consacrée aux sanctions économiques visant la Russie.

28 oct. 2014, 20:57
"Nous reconnaîtrons bien entendu leurs résultats", a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

La Russie a jeté un coup de froid mardi dans la crise ukrainienne. Moscou a averti qu'il reconnaîtrait les élections organisées dimanche prochain par les séparatistes de l'Est de l'Ukraine, défiant Kiev au moment même où une réunion de l'UE est consacrée aux sanctions économiques visant le Kremlin.

Le président ukrainien Petro Porochenko a dénoncé des déclarations qui "mettent en danger" le processus de paix censé régler un conflit qui a fait plus de 3700 morts selon l'ONU.

Pendant que dans la capitale ukrainienne, les partis pro-occidentaux sortis en tête des législatives négocient la formation d'une coalition, les insurgés de l'Est préparent leurs propres présidentielles et législatives. Elles se tiendront le 2 novembre dans leurs deux Républiques populaires autoproclamées, de Donetsk et Lougansk.

"Nous reconnaîtrons bien entendu leurs résultats", a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. "Nous espérons que l'expression du peuple sera libre et que personne ne viendra tenter de la perturber de l'extérieur", a-t-il ajouté.

"Légitimer les autorités" rebelles
Moscou, qui selon Kiev et les Occidentaux soutient militairement l'insurrection armée prorusse, n'avait pas formellement reconnu en mai les référendums d'indépendance organisés par les séparatistes. Le Kremlin avait au contraire reconnu celui qui avait permis deux mois plus tôt le rattachement de la Crimée à la Russie.

Mais pour le chef de la diplomatie russe, il s'agit de "légitimer les autorités" rebelles dans le cadre des accords de Minsk. Ceux-ci avaient ouvert la voie à un cessez-le-feu le 5 septembre, permettant un apaisement des combats sans y mettre fin complètement.

Cet accord de paix prévoit pour les zones séparatistes une large autonomie et des élections locales, dans le cadre d'une décentralisation et non d'une indépendance.

Les propos de M. Lavrov "sapent la désescalade et le processus de paix tout en affaiblissant la confiance en la Russie en tant que partenaire international sûr", a réagi Dmytro Kouleba, un haut responsable du ministère ukrainien des Affaires étrangères.

Une violation, selon Kerry
"Je suis inquiet des plans concernant une soi-disant élection locale le 2 novembre dans l'est de l'Ukraine, dont la Russie a dit qu'elle reconnaîtrait" les résultats, a déclaré le secrétaire d'Etat américain John Kerry, lors d'un déplacement au Canada. "Cela constituerait une violation claire des engagements pris par la Russie et les séparatistes lors des accords de Minsk", a-t-il ajouté.

M. Kerry a averti que "les Etats-Unis et la communauté internationale ne reconnaîtront pas les élections des séparatistes à moins qu'elles ne s'inscrivent dans le cadre de la loi de statut spécial adoptée par le Parlement d'Ukraine et signée par le président (Petro) Porochenko".

Allègement peu probable
La crise ukrainienne, avec le renversement du président prorusse Viktor Ianoukovitch, le rattachement de la Crimée à la Russie et le conflit armé dans l'Est, a conduit à une détérioration sans précédent des relations entre Moscou et les pays occidentaux depuis 1991.

Mardi, les ambassadeurs des pays de l'Union européenne (UE) ont fait le point sur leur arsenal de sanctions. Ils ont décidé de les maintenir, a appris l'AFP de sources concordantes. Une source diplomatique décrit même "des relations terriblement dégradées" entre Bruxelles et Moscou.

"Les Etats membres sont plutôt d'accord pour dire qu'il n'y a pas de développement sur le terrain ou de changement dans l'attitude de la Russie qui justifie qu'on repense les sanctions", a précisé une source diplomatique.

Rendez-vous difficile mercredi
Autre rendez-vous difficile qui s'annonce: les pourparlers mercredi à Bruxelles visant à rétablir les approvisionnements de l'Ukraine en gaz russe, coupées depuis juin. Si les deux parties se sont mises d'accord sur un prix provisoire, le règlement de la dette gazière ukrainienne reste une question épineuse et le ministre ukrainien des Finances, Olexandre Chlapak, a fait part de son "impression que personne ne veut se mettre d'accord".

Le conflit risque de perturber les approvisionnements européens mais aussi d'aggraver la profonde crise économique et financière de l'Ukraine. Avec l'arrivée de l'hiver, ce dossier s'annonce comme l'une des priorités pour le gouvernement que tentent de former les forces pro-occidentales ayant remporté les législatives.

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