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Moscou veut une liaison terrestre entre l'Ukraine et la Crimée

Moscou veut une liaison terrestre entre l'Ukraine et la Crimée, ce qui expliquerait son soutien aux mouvements indépendantistes de l'est ukrainien.

19 mars 2014, 15:51
Hommes armés et drapeaux russes flottent sur une cheminée, en Crimée.

La Russie souhaiterait une liaison terrestre avec la Crimée. C'est pourquoi le Kremlin soutient la mouvance indépendantiste prorusse dans l'est de l'Ukraine, estime l'historien britannique Orlando Figes. Celui-ci considère toutefois qu'une guerre entre les deux pays est improbable, malgré le référendum en Crimée.

Le résultat de cette consultation ne surprend pas cet historien de la Russie, du collège Birkbeck de l'Université de Londres. "Des manipulations sont certes possibles, mais pas déterminantes", a-t-il affirmé.

L'Ukraine n'est pas un pays divisé, comme on l'a beaucoup lu en relation avec ce référendum, pense M. Figes. La situation est plus complexe et les lignes ne sont pas tracées entre les groupes linguistiques. Les jeunes générations sont par ailleurs plutôt en faveur de l'Ukraine, même si leur langue maternelle est le russe et qu'elles proviennent des régions méridionale ou orientale du pays.

Fédéralisation du pays

Pour l'historien, Moscou craint maintenant que les forces en rébellion contre Kiev dans l'est de l'Ukraine ne conduisent à une fédéralisation du pays. Celui-ci gagnerait alors en capacité de résistance contre la Russie.

Quant à savoir si le président russe Vladimir Poutine, instigateur du rattachement de la Crimée à la Russie, prévoit d'autres étapes expansionnistes, cela reste peu clair, mais possible, pense Orlando Figes.

Une vengeance tardive de Moscou contre Kiev pour son rôle actif dans la chute de l'Union soviétique au début des années 90 - selon M. Poutine "la plus grande catastrophe géopolitique du 20e siècle" - n'est pas non plus à exclure.

Eviter une expansion de l'OTAN

Mais ce que le président russe voudrait à tout prix éviter, c'est une nouvelle expansion de l'OTAN, pour ainsi dire une prise en tenaille de la Russie par le sud, dans le cas où l'Ukraine devait devenir membre de l'organisation.

Le Kremlin craint moins les sanctions européennes ou américaines, pense M. Figes, qui ne croit pas non plus en leur efficacité.

Lien historique

L'historien comprend bien l'attirance des habitants de Crimée d'origine russe pour la Russie. Leur lien historique avec la mère-patrie remonte à plus de deux siècles, quand l'Empire russe envoya ses troupes annexer la péninsule, alors en mains ottomanes.

L'Ukraine dans sa totalité, fragment de la mémoire collective du peuple russe, n'est pas vraiment considérée par ce dernier comme un territoire étranger.

Et les Russes de Crimée se sont sentis orphelins après la dissolution de l'URSS en 1991 et le maintien de leur péninsule au sein de l'Ukraine devenue indépendante, dit Orlando Figes.

Précédent du Kosovo

Le référendum de dimanche dernier est illégal selon la Constitution ukrainienne, souligne-t-il. Les prorusses se réfèrent toujours au référendum au Kosovo de septembre 1991, lors duquel l'ex-province autonome serbe s'était prononcée à plus de 99% des voix pour l'indépendance.

En Crimée, ce sont 97% des votants qui auraient voté en faveur d'un rattachement à la Fédération russe. La population n'avait en revanche pas été consultée quand le numéro un soviétique Nikita Khrouchtchev décida en 1954 d'annexer la péninsule à l'Ukraine. Elle s'y serait sinon sans aucun doute opposée, souligne l'historien.

Il n'est pas possible d'écarter l'idée que le "cadeau" de Khrouchtchev à l'Ukraine a été le fondement du problème de l'appartenance de la Crimée. Un geste qualifié par beaucoup "d'idée loufoque".

Ban Ki-moon en route

Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, s'est envolé mercredi pour Moscou et Kiev. Il y plaidera auprès des dirigeants russes et ukrainiens pour une solution pacifique à la crise en Crimée, ont annoncé les Nations unies.

"Il va d'abord s'arrêter à Moscou où, demain, le 20 mars, il s'entretiendra avec le président Vladimir Poutine, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et d'autres responsables", a précisé le service de presse de l'Onu dans un communiqué.

Ban Ki-moon se rendra ensuite à Kiev, vendredi, pour des entretiens avec les dirigeants ukrainiens, des membres de la mission des droits de l'homme de l'Onu et des représentants de la société civile.

Cette visite impromptue "fait partie de ses efforts diplomatiques pour encourager toutes les parties à résoudre la crise actuelle de manière pacifique", ajoute le communiqué de l'ONU.

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