Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Naufrage du Prestige: officiers acquittés

Les trois officiers accusés du naufrage du Prestige et de la pollution que celui-ci a entraîné ont été acquittés ce mercredi par un tribunal espagnol.

13 nov. 2013, 17:06
Le prestige a coulé en novembre 2002 et souillé des kilomètres de côte au nord ouest de l'Espagne.

La justice espagnole a acquitté mercredi les trois accusés pour le naufrage du pétrolier Prestige en 2002. Le commandant a en revanche été condamné à neuf mois de prison pour avoir refusé de faire remorquer le navire. Cet accident avait provoqué l'une des plus graves marées noires de l'histoire du pays.

Un an après l'ouverture du procès, le tribunal supérieur de Galice (nord-ouest) a acquitté le commandant grec, Apostolos Mangouras, le chef mécanicien, grec lui aussi, Nikolaos Argyropoulos, et le directeur de la Marine marchande espagnole de l'époque, José Luis Lopez-Sors. Ils étaient jugés pour "atteinte à l'environnement et à des espaces naturels protégés".

Le commandant a toutefois été condamné à neuf mois de prison pour "désobéissance grave à l'autorité". Il avait dans un premier temps refusé de faire remorquer le navire en perdition vers le large, comme le lui avaient demandé les autorités espagnoles. Il échappera toutefois à la prison en raison de son âge, 78 ans.

Le Parquet avait requis entre cinq et 12 ans de prison contre les trois accusés, mais pour le tribunal, les deux officiers n'étaient pas en mesure d'apprécier le mauvais état du navire. Le bateau était muni de toutes les autorisations nécessaires et il n'a pas été montré "qu'ils en connaissaient les déficiences structurelles".

Mauvaise décision

La justice a jugé sur le responsable de la Marine marchande que la décision, prise par les autorités "dans une situation d'urgence", d'éloigner le pétrolier des côtes, était justifiée.

Le pétrolier libérien battait pavillon des Bahamas dans l'Atlantique, au large des côtes espagnoles. Après avoir dérivé durant six jours, en pleine tempête, le Prestige avait sombré au large des côtes nord-ouest de l'Espagne.

Les pouvoirs publics avaient pris la décision controversée de l'éloigner des côtes au lieu de le faire rentrer dans un port pour y contenir la fuite. Le pétrolier s'était finalement brisé en deux et avait coulé au matin du 19 novembre, à 250 kilomètres des côtes.

Il s'est retrouvé à 3800 mètres de fond, crachant 63'000 tonnes d'un fuel épais et visqueux qui avait pollué près de 3000 kilomètres de littoral, en Espagne, au Portugal et en France.

Pendant le procès, durant lequel le tribunal a entendu plus de 200 témoins et experts, le commandant et l'armateur du Prestige ont accusé le gouvernement espagnol d'avoir provoqué le naufrage en ordonnant au navire de prendre le large.

Un cercueil flottant

Les autorités "nous ont donné le cap 320", c'est-à-dire vers le nord-ouest et le large. "C'était un cap peu sûr. Le navire a une voie d'eau et ils l'envoient au large, dans l'océan", avait expliqué à la barre du tribunal Apostolos Mangouras. "C'était la pire option. Ils nous transformaient en un cercueil flottant et ils nous envoyaient à la noyade", avait-il ajouté.

Un avis partagé par l'organisation écologiste Greenpeace. "La décision d'éloigner le navire des côtes a été l'une des plus graves erreurs commises (...)", a-t-elle dénoncé dans un communiqué.

Seul représentant des autorités parmi les accusés, José Luis Lopez-Sors avait lui défendu cette décision. "Il me semblait mieux que le bateau coule loin de la côte pour minimiser les dégâts environnementaux", avait-il expliqué.

Onze ans plus tard, il ne reste aucune trace de la catastrophe sur les plages et les rochers de Galice. Les écologistes estiment néanmoins que les leçons de la marée noire n'ont jamais été tirées et n'ont cessé de dénoncer l'absence sur le banc des accusés des responsables politiques de l'époque.

Ce verdict "accorde à l'Espagne l'impunité face aux atteintes à l'environnement. Il donne carte blanche à l'industrie pétrolière pour mettre en danger l'environnement et les citoyens", a encore dénoncé Greenpeace.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias