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Nice: Le Negresco, cent ans d'histoire et une envie de jeunesse

Le célèbre palace niçois Le Negresco célèbre son centenaire et se donne pour l'occasion un coup de jeune.

08 juil. 2012, 15:18
View of a deserted famed "Promenade des Anglais" and the Negresco hotel in Nice, southern France, late Wednesday, Nov. 9 2005. Nice and Cannes on the French Riviera, best known for glitz and film festivals, were among towns that imposed curfews for minors Wednesday even as rioting appeared to be abating nationwide. (KEYSTONE/AP Photo/Lionel Cironneau)

Le Negresco, l'emblématique palace niçois qui assume un extravagant mélange d'époques artistiques, tente de se donner un coup de jeune à l'occasion du démarrage des célébrations de son centenaire.

De jeunes blogueurs américains invités en fin de semaine à goûter aux chambres Pompadour, un cocktail bourdonnant avec 500 invités sous la verrière, une exposition ouverte au public sur cent ans d'histoire : le cinq étoiles dominant la promenade des Anglais était habitué à une ambiance plus feutrée.

A commencer par Jeanne Augier, la propriétaire de 89 ans qui règne sur les lieux depuis 55 ans : "Je ne cherche pas les fréquentations", lance cette femme de caractère, qui vit au 6e étage sous la coupole rose en compagnie de ses chiens Lili et Lilou. Récemment, la reine du Negresco a suscité l'émoi des Niçois en plantant en façade un drapeau de sa Bretagne natale.

"Les cent ans du Negresco, c'est le résultat de toute une vie et la vie a beaucoup changé", dit-elle en fixant un regard critique sur le bras d'un client couvert de tatouages. Avant d'ajouter sans langue de bois : "Le centenaire, ça fait aussi partie de la publicité pour faire chanter l'hôtel".

Le palace créé par Henry Negresco (fils d'un aubergiste roumain), achevé en 1912 et inauguré en janvier 1913, fut transformé l'année suivante en hôpital militaire, poussant son fondateur à la ruine. Il fut racheté en 1957 pour une bouchée de pain à des Belges par le père de Jeanne (un charcutier breton devenu promoteur). Les palaces Belle époque étaient alors en faillite, beaucoup furent découpés en appartements.

Une seule propriétaire

"Le Negresco est le dernier palace appartenant à une personne en France", s'enorgueillit Pierre Bord, son enjoué directeur général à l'allure vieille France.

Dans les annales mythiques, Richard Burton oublia dans le bar une parure destinée à Liz Taylor. Des clichés montrent Marlène Dietrich, Jean Marais, Grace Kelly, Salvador Dali ou Marc Chagall, parfois attablés avec la propriétaire.

"Ici on n'est pas dans un hôtel, c'est une maison, on est chez elle", estime Antoine Gauvin, responsable de communication arrivé voici un an dans un univers en vase clos. Cet amateur d'art a opéré une mini révolution en faisant appel à une agence parisienne pour vanter le palace.

Jeanne Augier lâche donc du lest. Depuis qu'un mauvais genou l'oblige à se déplacer en chaise roulante, elle est moins présente dans les couloirs de son fief, tout en restant pointilleuse.

Ambiances uniques

Collectionneuse compulsive, elle continue à éplucher les catalogues des salles des ventes : "Quand j'aime quelque chose, je l'achète". Son hôtel est le reflet de ses goûts éclectiques balayant cinq siècles, créant des ambiances uniques, en osant aussi le kitsch.

Grande admiratrice de Versailles, elle a accroché dans un salon le portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud (il en existe deux autres au Louvre et à Versailles).

Des moquettes signées par le fils de Vasarely zigzaguent dans les étages sous des guéridons anciens et côtoient des tentures rouge et or frappées d'abeilles empire. Un étage est résolument 18e, avec un tableau de Boucher, assorti d'une surprenante collection d'oeuvres représentant le coq gaulois.

Plus bas, c'est une ambiance années 70 avec des fauteuils coque plastique, près d'un immense tableau de Raymond Moretti consacré au jazzman Louis Armstrong, un habitué de l'hôtel.

Quelque 6000 oeuvres, meubles et objets ont forgé l'identité du palace, jusque dans les chambres. Un fonds de dotation gérera ce patrimoine à la disparition de Jeanne. Les bénéfices iront au développement de l'hôtel, à la défense des animaux, aux handicapés et au "rayonnement de l'art français".


 
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