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Nicolas Sarkozy, président d'une "rupture" contrariée

Rarement président français aura autant irrité. Elu triomphalement en 2007, Nicolas Sarkozy voulait réveiller la France par la "rupture", il l'a heurtée par son style et sa manière de diriger. S'il a reconnu des erreurs, jamais il n'a douté de lui dans l'élan de sa reconquête.

22 avr. 2012, 20:13
sarkozy

Depuis des mois, Nicolas Sarkozy est invariablement donné battu à plates coutures au second tour par le socialiste François Hollande. Mais jusqu'au bout Nicolas Sarkozy veut y croire.

"Je vais l'exploser", lance-t-il quand il revêt son costume de candidat celui qui, selon ses amis, lui va le mieux. Pour gagner, il est prêt à reconnaître ses écarts de langage ou dérapages clinquants - "je n'aurais pas dû". Pour rompre avec son image de "président des riches", il se présente comme le "candidat du peuple".

Pour convaincre sur les thèmes de la sécurité et de la rigueur, il n'hésite pas à flirter avec l'extrême droite comme jamais avant lui aucun président conservateur - "nous avons trop d'étrangers sur notre territoire" - , ni à agiter le spectre d'une France économiquement "à genoux" si son adversaire l'emporte, alors qu'elle a perdu la note "AAA" sous sa présidence.

Car être président, c'était le rêve d'enfant de Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa, 57 ans, fils d'un immigré hongrois et avocat de formation, issu ni de la vieille bourgeoisie provinciale ni du sérail des écoles de prestige françaises.

Un ambitieux, travailleur, énergique, "ne doutant de rien et surtout pas de lui-même", a dit de lui l'ancien président Jacques Chirac.

Ascension rapide

Un homme pressé qui, méthodiquement, a franchi les obstacles entre coups d'éclats, trahisons et traversées du désert: engagé à droite à 19 ans, il est élu maire à 28 ans, député à 34, nommé ministre pour la première fois à 38, élu chef de l'Etat à 52.

En arrivant au pouvoir avec 53% des voix en mai 2007 après avoir promis de "réformer la France", il jouit d'une popularité inégalée. "Je n'ai pas le droit de décevoir", lance-t-il alors. Il restera comme le président le plus impopulaire de France dans la durée.

"Le plus important, c'est la façon dont il a désacralisé la politique et abaissé la fonction présidentielle au service de sa personne. Ce que les Français lui reprochent, c'est sa façon d'être et de faire", estime le politologue Stéphane Rozès de l'institut Cap.

Bling-bling

Nicolas Sarkozy, c'est un style. Décomplexé comme la droite qu'il veut incarner, il entend bousculer les codes. Mais dès le début - ce sera le péché originel - il choque par sa manière d'habiter la fonction.

Lorsqu'à peine élu il fête sa victoire au Fouquet's, haut-lieu des milieux argentés sur les Champs Elysées, à Paris, et passe ses vacances sur le yacht d'un riche homme d'affaires.

Lorsque divorcé de Cécilia, il étale au grand jour son idylle avec le top-modèle Carla Bruni, donnant l'impression aux Français d'être davantage préoccupé par son bonheur personnel que par leur sort.

Lorsqu'il se laisse aller à la grossièreté - son "casse-toi pauvre con" lancé à un homme qui refuse de lui serrer la main restera dans les annales.

Sa volonté d'être sur tous les fronts, sa façon de multiplier les réformes et les effets d'annonce après des faits divers impliquant des Roms ou des délinquants sexuels exaspèrent jusque dans son camp.

Nombreux déçus

A l'heure du bilan, ses partisans louent son volontarisme. Cette détermination qui le pousse en 2011 à être le moteur de l'intervention militaire internationale en Libye ou à imposer des solutions pour éviter la faillite du système bancaire en 2008.

Et vantent son "courage" à imposer des mesures impopulaires pour, selon eux, faire avancer la France, de la réforme des retraites au service minimum dans les transports en cas de grève, alors qu'il est contraint d'affronter une crise sans précédent.

Toutefois les déçus nombreux, ceux qui ont cru à son "travailler plus pour gagner plus" sans voir leur pouvoir d'achat augmenter, lui reprochent sa promesse non tenue de lutter contre les inégalités et ses faveurs fiscales aux plus riches.

Ses détracteurs l'accusent d'avoir sans cesse divisé la société, en lançant un débat sur l'identité nationale focalisé sur l'islam ou en opposant travailleurs et "assistés".

Tout au long de son mandat Nicolas Sarkozy a dit qu'il avait changé, mûri, appris. S'il a déjà évoqué la défaite, jusqu'au bout il reste combatif. "J'ai l'intime conviction que les Français nous réservent des surprises".

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