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Nigeria: Muhammadu Buhari est le nouveau président

Le Nigeria a un nouveau président: Muhammadu Buhari, un militaire au passé de putschiste. Aujourd'hui, son programme est de lutter contre la corruption. Sa quatrième candidature aura été la bonne.

01 avr. 2015, 06:45
Muhammadu Buhari compte 2,57 millions de voix d'avance sur le président sortant Goodluck Jonathan.

L'ancien putschiste Muhammadu Buhari a remporté mardi la présidentielle au Nigeria contre le sortant Goodluck Jonathan, lors de l'élection la plus serrée de l'histoire du pays. Cette victoire, reconnue par M. Jonathan, constitue la première alternance démocratique au Nigeria.

Le scrutin marque un tournant majeur dans l'histoire politique agitée du pays le plus peuplé d'Afrique. Celui-ci a connu six coups d'Etat militaires depuis l'indépendance, en 1960, et a été gouverné par le même parti depuis la fin des dictatures militaires, il y a 16 ans.

Avec l'annonce tard dans la soirée de mardi au siège de la Commission nationale électorale indépendante (Inec) de sa victoire écrasante dans l'Etat de Borno (94% des suffrages), épicentre de l'insurrection islamiste de Boko Haram, M. Buhari remporte 21 Etats des 36 que compte la fédération nigériane. Il compte 2,57 millions de voix d'avance sur Jonathan.

Sans tarder, l'Union européenne a "chaleureusement félicité" la victoire du candidat de Buhari. M. Jonathan a pour sa part téléphoné à son adversaire dès 17h15 pour le féliciter et reconnaître sa défaite, selon l'opposition, un geste salué par les politiciens de tous bords.

Dans un pays où pourtant les dissensions politiques attisent souvent des tensions ethniques et religieuses, entraînant de sanglantes émeutes post-électorales, le vote n'a pas donné lieu à des violences majeures. Et le groupe islamiste Boko Haram, qui a multiplié les attentats-suicide ces dernières semaines et avait juré de perturber cette élection, n'est pas parvenu à empêcher le processus électoral.

Joie dans les rues

Des milliers de Nigérians sont descendus dans les rues de Kano, la plus grande ville du nord musulman, pour célébrer la victoire de celui qu'ils ont plébiscité avec près de deux millions de voix - contre un peu plus de 200'000 pour Jonathan dans cet Etat -, a constaté un journaliste de l'AFP.

Une nuée de scooters et de voitures tous feux allumés faisaient des rodéos avec leurs engins, dans un nuage gaz d'échappement. Des femmes voilées scandaient "Juste Buhari!" en choeur dans la foule. Nombre d'entre eux brandissaient des balayettes, le symbole du parti de Buhari, le Congrès progressiste (APC), qui s'est engagé à lutter contre des années de mauvaise gouvernance et de corruption.

A Kaduna, dans le centre du Nigeria, où des affrontements entre chrétiens et musulmans avaient fait près d'un millier de morts lors de la défaite de M. Buhari à la présidentielle de 2011, la foule exultait elle aussi, après avoir retenu son souffle tout le week-end.

Masse de votants

Le Nigeria, première économie du continent, qui compte 69 millions d'électeurs inscrits sur 173 millions d'habitants, a voté ce week-end pour élire, outre le président, les 109 sénateurs et les 360 députés du pays que compte le Parlement.

Malgré les couacs techniques, dûs à l'utilisation de lecteurs de cartes électorales biométriques pour la première fois, qui ont engendré de longues files d'attente devant les bureaux votes, et la menace d'attentats islamistes, les Nigérians sont allés voter en masse. Ils ont voulu faire entendre leur mécontentement, notamment sur les questions de sécurité et sur la corruption.

"Il s'agit de la première alternance démocratique de l'histoire du Nigeria. Il n'est pas question de musulman ou de chrétien, ou même de parti politique. Cela montre aux politiciens que s'ils ne font pas leur job, on peut les mettre dehors", s'est enthousiasmé Anas Galadima, qui faisait partie de la fête.

Pour le commentateur politique Chris Ngwodo, la victoire de M. Buhari "instaure une suprématie (...) de l'électorat", dans un pays où bien souvent, la bataille était gagnée d'avance pour le président sortant. "La dynamique entre les gouvernés et le gouvernement a changé pour de bon", a-t-il poursuivi.

Homme à poigne

Militaire âgé de 72 ans, natif du Nord, le général Buhari a dirigé la junte militaire de 1983 à 1985 avant d'être chassé du pouvoir par un autre putsch dirigé par le général Ibrahim Babangida.

Candidat malheureux à la présidentielle en 2003 et 2011, il a fait de la lutte contre le groupe islamiste Boko Haram l'un de ses grands thèmes de campagne. Sa réputation d'homme à poigne a séduit une large partie de l'électorat, qui accuse le gouvernement sortant de n'avoir pas su les protéger du groupe islamiste radical.

M. Buhari s'est aussi appuyé sur sa réputation d'intégrité quand les cinq années passées au pouvoir par Goodluck Jonathan ont été marquées quant à elles par divers scandales de corruption.

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