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Norvège: Breivik doit aller en prison, il est pénalement responsable

Anders Behring Breivik avait tué 77 personnes il y a 9 mois. Il est pénalement responsable, rapporte le Verdens Gang sur son site.

10 avr. 2012, 12:20
breivik

Une contre-expertise psychiatrique d'Anders Behring Breivik, dont les résultats doivent être publiés aujourd'hui, a conclu que l'auteur des attaques du 22 juillet 2011 en Norvège était pénalement responsable, rapporte le journal norvégien Verdens Gang (VG) sur son site internet.

Si cette conclusion était bel et bien confirmée, elle contredirait les résultats d'une première expertise officielle qui avait estimé l'an dernier que Breivik était psychotique et relancerait le débat sur son aptitude ou non à purger une peine de prison pour la mort de 77 personnes.

Le contenu de la nouvelle évaluation psychiatrique, commandée par la justice norvégienne après le tollé soulevé par le premier rapport, a été annoncée à 11 heures, heure suisse. En dernier ressort, il reviendra au tribunal d'Oslo de trancher cette épineuses question dans leur verdict attendu en juillet. Le procès de Breivik doit débuter lundi prochain.

Anders Behring Breivik comparaît devant la justice norvégienne à partir de lundi prochain pour "actes de terrorisme". Il y a près de neuf mois, l'extrémiste de droite avait tué 77 personnes, un massacre qui a traumatisé la paisible nation scandinave.

Si sa culpabilité ne fait aucun doute - même s'il refuse de plaider coupable, l'inculpé reconnaît les faits -, le principal enjeu tournera autour de sa santé mentale. Et de son sort: l'asile ou la prison?

Le 22 juillet 2011, Breivik avait d'abord tué huit personnes en faisant exploser une bombe au pied de la tour qui abrite à Oslo le siège du Premier ministre.

Puis, déguisé en policier, il avait froidement mitraillé pendant plus d'une heure des jeunes travaillistes réunis en camp d'été sur l'île d'Utoeya, près de la capitale norvégienne. La fusillade avait fait 69 autres victimes, essentiellement des adolescents pris au piège d'un lac aux eaux glaciales.

"Atroce, mais nécessaire"

Jamais une fusillade perpétrée par un homme n'avait fait autant de morts, selon Jack Levin et James Alanox, auteurs de plusieurs ouvrages sur les tueurs de masse. "Il y a eu d'autres massacres plus massifs avec d'autres types d'armes mais pas avec une arme à feu", explique Jack Levin, professeur de criminologie à la Northeastern University de Boston.

"Les terroristes visent en général un nombre maximal de victimes et utilisent donc des explosifs", a-t-il écrit dans un courrier électronique, selon lui.

Se disant en guerre contre "l'invasion musulmane" en Europe et le multiculturalisme, Breivik, aujourd'hui âgé de 33 ans, a qualifié son geste d'"atroce, mais nécessaire", affirmant qu'il s'agissait d'"une attaque préventive contre des traîtres à la patrie".

Dans une inversion inhabituelle des rôles, la défense va s'employer à ce que l'accusé, à sa demande, soit reconnu pénalement responsable. Le parquet en revanche est prêt à retenir l'irresponsabilité sur la base d'une expertise psychiatrique qui l'a déclaré psychotique.

"Pire que la mort"

Si les avocats obtiennent gain de cause, Breivik encourra vraisemblablement la rétention de sûreté qui permet de maintenir derrière les barreaux un individu aussi longtemps qu'il est jugé dangereux.

Estimant qu'un internement psychiatrique serait "pire que la mort", l'extrémiste tient à être reconnu sain d'esprit pour ne pas invalider le manifeste idéologique qu'il a diffusé le jour des attaques.

Pour la défense, pas de doute: l'accusé doit un jour pouvoir redevenir un homme libre. "La perpétuité n'existe pas en Norvège. A un moment donné, il sera de retour dans la société, pas dans un futur proche, mais dans de nombreuses années", affirme son avocat, Geir Lippestad.

Si en revanche l'irresponsabilité pénale devait être retenue, Breivik devrait se soumettre à des soins psychiatriques dans un établissement fermé, potentiellement à vie.

En dernier ressort, il reviendra aux juges de trancher la question de la responsabilité pénale dans leur verdict attendu en juillet. Que ce soit dans une prison ou un établissement psychiatrique, l'accusation espère que le tueur ne recouvrera jamais la liberté.

"On aurait beaucoup de mal à le voir se promener libre dans la rue dans quelques années", dit Svein Holden, un des procureurs chargés de l'affaire.

Procès digne

Le carnage a profondément bouleversé la Norvège, pays du prix Nobel de la paix, provoqué d'émouvantes scènes d'unité nationale et déclenché une vaste réflexion sur le délicat équilibre entre libéralisme et sécurité.

Face à l'horreur, le Premier ministre travailliste Jens Stoltenberg a promis "plus de démocratie, plus d'ouverture et plus d'humanité, mais sans naïveté". Sous la pression d'une opinion publique durablement choquée, les autorités ont aussi dû se résoudre à s'excuser pour la lenteur de l'arrestation.

Quant aux proches des victimes, ils disent aujourd'hui ne plus attendre qu'une chose: que justice soit faite. "Nous voulons un procès propre, sérieux et digne, de façon à ce que le coupable soit condamné et que toute la lumière soit faite sur ce qui s'est passé le 22 juillet", confie Trond Blattmann. Président du groupe de soutien aux familles, il a lui-même perdu un fils sur l'île d'Utoeya.

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