La Chine demande à la France de mieux protéger «la sécurité et les droits» de ses ressortissants. Cette demande, formulée mardi matin par la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, intervient au lendemain de heurts entre manifestants et policiers dans le nord de la capitale. Pékin a officiellement protesté auprès des autorités françaises et «exigé» que Paris fasse «toute la lumière sur cette affaire».
La veille, la police a interpellé 35 personnes lors d'une manifestation émaillée de violences devant le commissariat du XIXe arrondissement, rappelle Le Figaro. D'après la préfecture, ils étaient environ 150 à s'être réunis pour protester contre la mort d'un Chinois, tué lors d'une intervention de la brigade anticriminalité (BAC) dimanche.
Alors que la manifestation a débuté dans le calme, la tension est montée en seconde partie de soirée, à partir de 22 heures. 26 personnes ont été arrêtées pour participation à un groupement en vue de commettre des violences, trois pour violences sur agent de la force publique et dégradation d'un véhicule de police par engin incendiaire et six pour jets de projectiles.
Paris - Des affrontements toujours en cours dans les rues à proximité du commissariat du 19eme. Véhicule incendié. #mortdeLiuShaoyo pic.twitter.com/Kx7NBm802B
— Remy Buisine (@RemyBuisine) 27 mars 2017
Trois policiers de la compagnie de sécurisation et d'intervention (CSI 75) ont été légèrement blessés. Un véhicule de police a été brûlé, ainsi que trois automobiles appartenant à des particuliers.
La police contactée pour une altercation familiale
Les manifestants se sont retrouvés afin de réclamer la lumière sur les circonstances du décès de Shaoyo Liu. Ce père de cinq enfants a été tué dimanche alors que la police avait été appelée pour intervenir lors d'un différend familial, dans le quartier Curial, dans le 19e arrondissement de la capitale.
Les forces de l'ordre assurent avoir agi en légitime défense, précisant à l'Agence-France-Presse que «dès l'ouverture de la porte», un homme s'est précipité pour agresser l'un des fonctionnaires, le blessant à l'arme blanche. L'un de ses collègues a alors ouvert le feu, pour le protéger, blessant mortellement l'agresseur.
La légitime défense réfutée par la famille
Une version à laquelle s'oppose la famille, qui «conteste totalement la version des faits, il n'a blessé personne» , déclare Calvin Job, leur avocat. «Un voisin a appelé la police en disant qu'il y avait des cris», ajoute-t-il, mais selon eux il n'y a eu «aucun différend familial».
Au contraire, l'homme se trouvait avec ses quatre enfants âgés de 15 à 21 ans et était «en train de tailler des poissons avec des ciseaux» d'après l'avocat. «Les policiers ont ouvert de force la porte de l'appartement, ce qui l'a propulsé vers l'arrière», ajoute-t-il. Il récuse donc la version des forces de l'ordre, précisant que Shaoyo Liu n'a «porté aucun coup» et «ne s'est pas précipité» sur les policiers qui auraient «tiré sans sommation».
D'après la préfecture, «la police a confirmé sa volonté de recevoir une délégation de membres de la communauté asiatique afin d'apporter une réponse aux interrogations sur l'intervention policière». La rencontre n'a finalement pas eu lieu, faute d'interlocuteur. La famille doit être entendue ce mardi après-midi par l'inspection générale de la police nationale (IGPN). Le 2e district de police judiciaire et l'IGPN ont été saisis des enquêtes.