La carte d’état-major recouvre la table de ce petit restaurant de Ouagadougou. A grands coups de stylo rouge, un haut gradé de la police burkinabée, qui entend rester anonyme, y taille nerveusement de larges enclaves: le nord du pays, l’Est et, de-ci de-là, des poches dans le Sud. «Toutes ces zones échappent au contrôle de l’Etat. Au total, environ un tiers du territoire est, aujourd’hui, aux mains des djihadistes», insiste-t-il. La description n’a rien de catastrophiste. «C’est exact. Le pire est que l’influence des terroristes ne cesse de grandir», confirme une source occidentale.
Le «verrou» du Burkina Faso, longtemps considéré comme la digue capable de contenir, au nord, les milices islamistes qui gangrènent le Mali voisin depuis 2012, est totalement vermoulu. Il n’est pas besoin d’aller bien loin pour mesurer l’ampleur du mal. La petite mosquée de Yagma, un quartier du nord de la capitale, tient lieu de refuge,...