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Philippines: dirigeants et rebelles musulmans signent un accord de paix historique

Un accord de paix historique a été paraphé entre le président des Philippines et le dirigeant du principal mouvement séparatiste musulman ce jeudi à Manille. Il doit mettre fin à 40 ans de guérilla.

27 mars 2014, 12:19
Le président des Philippines et le dirigeant du principal mouvement séparatiste musulman ont signé jeudi à Manille un accord de paix historique.

Le président des Philippines et le dirigeant du principal mouvement séparatiste musulman ont signé jeudi à Manille un accord de paix historique. Il doit mettre fin à 40 ans de guérilla, une des plus longues et meurtrières d'Asie.

"Cet accord détaillé sur (la région) Bangsamoro couronne notre combat", a déclaré Mourad Ebrahim, le chef du Front moro islamique de libération (MILF). Bangsamoro est la patrie des Moros, le nom donné aux musulmans des Philippines. Elle se trouve sur l'île de Mindanao, un territoire du sud largement musulman dans un pays catholique à 80%.

Le mouvement rebelle s'est engagé à désarmer ses quelque 10'000 hommes, suivant ainsi le schéma appliqué en Irlande du Nord, en échange de la création d'une région autonome à Mindanao.

Point d'orgue

Cette cérémonie officielle est le point d'orgue de longs mois de négociations entre le mouvement rebelle et les représentants du gouvernement, sous l'impulsion du président Benigno Aquino.

"Nous avons à présent devant nous un chemin qui peut mener à un changement permanent sur l'île musulmane de Mindanao", a déclaré le président lors de cette cérémonie, devant un millier de personnes.

Pouvoir laïque

La région autonome, qui comprendra 10% du territoire philippin, disposera de sa propre police, d'un parlement régional et du pouvoir de lever les impôts. La défense restera une prérogative du gouvernement central.

Les dirigeants du MILF seront à la tête d'une autorité provisoire sur la région, avant la tenue d'élections régionales en 2016. Le pouvoir sera laïque.

Embûches

Mais le MILF, le gouvernement et les observateurs indépendants soulignent qu'une paix durable est loin d'être garantie et que de nombreuses embûches doivent être surmontées d'ici à mi-2016, fin du mandat unique de Benigno Aquino.

Parmi ces obstacles, d'autres groupes de guérilla, dont les Combattants islamiques pour la liberté de Bangsamoro (BIFF), pourraient chercher à faire dérailler les accords en lançant des attaques dans le sud.

"Nous continuerons de nous battre contre le gouvernement car nous voulons l'indépendance et rien d'autre", a déclaré par téléphone à l'AFP Abou Missry Mama, porte-parole du groupe, depuis son fief dans le sud. Autre groupe rebelle dissident, le MNLF, rival du MILF, qui avait conclu un premier accord avec Manille en 1996, largement considéré comme un échec.

Loi fondamentale

Pour que l'accord entre en application, le Congrès doit aussi voter une "loi fondamentale". Or des responsables politiques catholiques du Sud sont opposés à cet accord de paix, qui pourrait les marginaliser. Ils chercheront à repousser cette loi au parlement, préviennent les analystes.

Les opposants déposeront aussi un recours devant la Cour suprême. C'était là qu'un précédent accord, en 2008, avait été retoqué. Les juges avaient estimé inconstitutionnel de placer sous le contrôle du MILF de larges portions du territoire national.

Quarante ans de rébellion en terre ancestrale

Les cinq millions de musulmans philippins (sur une population proche de 100 millions) considèrent le Sud comme leur terre ancestrale, depuis l'arrivée de marchands venus d'Arabie au 13e siècle. Le MILF a mené la lutte pour l'indépendance, avant d'accepter au final la création d'une région autonome.

Les négociations entre représentants du gouvernement et du MILF avaient franchi leur dernière étape en janvier dernier. La rébellion a démarré dans les années 70 et coûté quelque 150'000 vies, devenant ainsi une des plus longues et des plus meurtrières en Asie.

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