Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Pistorius: les faiblesses de la police sud-africaine mises en lumière

La défense d'Oscar Pistorius à la parole ce mercredi. Elle a remis en cause les compétences de la police criminelle sud-africaine. De nombreux points de l'enquête ont été mis à mal.

20 févr. 2013, 19:08
Oscar Pistorius au tribunal.

La compétence de la police criminelle sud-africaine a été mise à mal devant le tribunal où comparaissait Oscar Pistorius. L'avocat du champion paralympique accusé du meurtre de sa petite amie a souligné une par une les failles d'une enquête apparemment mal ficelée. 

Hilton Botha, l'enquêteur appelé à la barre en ce deuxième jour d'audience, a dû admettre successivement, sous la pression de l'avocat Barry Roux, que ses hommes avaient "oublié" de prélever une douille dans la cuvette des toilettes et étaient entrés dans la maison sans chaussures de protection. Il a aussi dû reconnaître la faiblesse de témoignages clés. Me Roux a eu beau jeu de noter qu'un témoin, affirmant avoir entendu des cris de dispute dans la nuit, habite à plus de 300 mètres de la maison de Pistorius.
 
Et qu'un autre témoin, affirmant avoir entendu une femme crier entre deux séries de coups de feu, a fait état de cinq ou six tirs, alors que la police affirme que Pistorius n'a tiré que quatre fois. Cette démonstration d'un ténor du barreau risque de ne pas rehausser l'image de marque de la police sud-africaine, qui passe pour corrompue et peu compétente.
 
Le mauvais exemple est venu de haut, deux des récents chef de la police nationale ont été condamné ou suspendu pour faits de corruption, en 2010 puis 2012. Le massacre de 34 mineurs en grève à Marikana en août a encore terni cette réputation. Mais aucun policier ni responsable n'a démissionné ni été sanctionné à la suite de cet événement, qui a pourtant bouleversé le pays.
 
Le manque de rigueur de la police "est un désastre pour ce procès, et ça soulève des questions", a commenté l'analyste Frans Cronje, de l'Institut sud-africain des relations entre les races. "Dans une affaire aussi importante, on verrouille tout pour être certain que rien ne peut mal tourner."
 
"15'000 personnes sont assassinées chaque année dans ce pays, et le taux de résolution des enquêtes est de 10%, ce qui donne l'étendue du problème", souligne-t-il. Plusieurs de ses confrères notent en outre que l'affaire Pistorius, qui concerne des célébrités vivant dans un quartier huppé, bénéficie sans doute de beaucoup plus de moyens policiers que n'importe quelle enquête pour un meurtre dans une township.
 
Pour le criminologue et auteur de livres à succès Anthony Altbeker, il faut cependant relativiser les critiques: "De bons avocats peuvent souvent ridiculiser la police", dit-il. "L'enquête n'est pas terminée, il y a encore beaucoup d'inconnues et il y a probablement des éléments que la police ne veut pas révéler" avant le procès, selon lui.
 
L'audience qui se tient cette semaine à Pretoria n'est en effet pas le procès de Pistorius, mais seulement une procédure pour décider d'une éventuelle remise en liberté sous caution.
Votre publicité ici avec IMPACT_medias