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Plus de 600 morts en Centrafrique en une semaine

L'ONU annonce "plus de 600 morts" dans les tueries entre chrétiens et musulmans. L'aggravation de ces violences alarme la France.

13 déc. 2013, 21:35
Malgré les troupes françaises stationnées à Bangui, les violences croissent en Centrafrique.

"Les combats et les violences interreligieuses de la semaine écoulée ont provoqué la mort de 450 personnes" à Bangui et fait 160 tués dans d'autres régions du pays, a indiqué vendredi un porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), citant des bilans de la Croix-Rouge centrafricaine et du Conseil danois aux réfugiés.

L'agence onusienne a également fait état de 159'000 déplacés dans la seule capitale, répartis sur une quarantaine de sites, autour de l'aéroport, dans les églises et les mosquées.

Le 5 décembre, des milices d'autodéfense chrétiennes infiltrées dans la population avaient lancé une offensive dans Bangui sur des positions de l'ex-rébellion à dominante musulmane de la Séléka (au pouvoir) et des quartiers musulmans. Cette attaque avait entraîné des représailles sanglantes des combattants Séléka sur les populations très majoritairement chrétiennes de la capitale.

Vers une crise humanitaire

Ces violences avaient précipité l'intervention militaire de la France, lancée le soir même après un feu vert de l'ONU, et qui mobilise près de 1600 hommes déployés pour l'essentiel à Bangui.

Malgré cette intervention, "la spirale de l'affrontement s'est brutalement aggravée, ajoutant à la crise sécuritaire les prémices d'une crise humanitaire", a reconnu vendredi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, venu en visite à Bangui.

Lundi, les troupes françaises avaient entrepris un vaste désarmement, à commencer par celui des anciens rebelles, mais l'opération s'est accompagnée de représailles chrétiennes contre les communautés musulmanes.

Le bilan des violences devrait encore s'alourdir alors que de nouveaux corps sont découverts chaque jour dans les quartiers et dans la brousse, selon l'ONU. Ainsi, 27 musulmans ont été tués jeudi par des milices chrétiennes dans un village de la région de Bouar, Bohong, selon le Haut commissariat aux droits de l'homme.

Distribution de nourriture

Sa porte-parole Ravina Shamdasani a aussi décrit "la poursuite d'un cercle vicieux d'attaques et de représailles" dans d'autres villes comme Bouca, Bossangoa et Bozoum.

Sur le front humanitaire, les agences de l'ONU accusées d'inaction par des ONG ont réagi vendredi. Le Programme alimentaire mondial a effectué sa première distribution de nourriture aux 45'000 déplacés près de l'aéroport de Bangui sous la surveillance de militaires français. Vers 16H00, alors que la nuit tombe à 17H30, la foule excédée par la longue attente a débordé le service d'ordre, pillant les vivres qui devaient être distribués sans toutefois toucher aux camions qui devraient poursuivre leur travail samedi.

A Genève, l'Unicef a promis pour vendredi l'envoi de 77 tonnes pour distribution immédiate. En ville, la vie quotidienne a commencé à reprendre avec notamment l'ouverture des banques. Mais coups de feu et accrochages entre hommes armés restent fréquents dans certains quartiers.

Au moins un accrochage

Vendredi, les Français continuaient à patrouiller dans la capitale pour désarmer et prévenir de nouveaux affrontements. Au moins un accrochage impliquant des soldats de l'opération Sangaris a eu lieu le matin sur la route de l'aéroport, selon des témoins.

S'exprimant devant les soldats trois jours après la mort de deux des leurs, M. Le Drian a indiqué qu'il était venu "pour (leur) apporter tout le soutien de la nation". Il a précisé que les forces françaises se "déploieront sur l'extérieur (de Bangui) pour sécuriser l'ensemble du pays (...) au fur et à mesure que les forces africaines se renforceront et que le calme se poursuivra à Bangui".

Le ministre s'est ensuite rendu en hélicoptère à Bossangoa, à 300 km au nord de Bangui, autre point chaud. A son retour à Bangui, il devait s'entretenir avec le président centrafricain de transition, Michel Djotodia, ex-chef de la Séléka. Dans la soirée, le ministre se rendra au Tchad rencontrer le président Idriss Deby.

Puissance régionale, allié incontournable de la France sur le continent, le Tchad est très influent en Centrafrique et a été accusé d'avoir soutenu la Séléka lors du renversement du président François Bozizé en mars 2013. La force africaine en Centrafrique compte un important contingent tchadien, accusé par de nombreux Banguissois d'être complice des ex-rebelles.

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