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Politkovskaïa: le procès des assassins présumés reprend

La famille d'Anna Politkovskaïa, journaliste russe d'opposition assassinée en 2006, n'a pas souhaité assisté au procès des cinq assassins présumés qui s'est rouvert ce mercredi à Moscou. Ses proches estiment que ce procès est "illégitime".

24 juil. 2013, 16:45
L'audience se tient en ce moment au Tribunal de Moscou.

Les assassins présumés en 2006 de la journaliste russe d'opposition Anna Politkovskaïa ont comparu mercredi devant la cour d'assises de Moscou dans un nouveau procès. Ce dernier s'est ouvert malgré le boycott des représentants de la victime.

L'audience a débuté en présence des accusés , quatre Tchétchènes et un ancien officier de police moscovite, mais sans les enfants de la journaliste. Ils considèrent ce procès "illégitime", estimant qu'ils auraient dû être consultés pour la composition du jury d'assises, selon les agences russes.

"La présence de la partie civile est hautement souhaitable, si ce n'est obligatoire", a déclaré l'avocat de la défense, Mourad Moussaïev. Il estime que le procès ne pouvait se dérouler en l'absence de représentants de la famille de la victime, selon l'agence Ria Novosti.

"Nous sommes catégoriquement opposés à la poursuite de l'audience" en l'état, a-t-il ajouté, exigeant la suspension du procès jusqu'à lundi. Mais le président de la cour d'assises, Pavel Melekhine, a reproché à l'avocat de "manquer de respect vis-à-vis de la cour", estimant que "l'affaire pouvait être examinée dans ces conditions".

Critiques des enfants

Les enfants d'Anna Politkovskaïa, Ilia et Vera, reprochent à la cour d'avoir choisi les jurés sans les consulter. Ils l'accusent aussi d'avoir précipité l'ouverture du procès à une date où elle savait parfaitement qu'ils ne pouvaient pas être présents, étant hors de Moscou, selon un communiqué publié mardi.

"Nous avons attendu près de sept ans pour que les coupables comparaissent, mais l'État ne pouvait pas attendre quelques jours", ont-ils déploré.

Pas de Caucasiens du Nord

Les avocats de la défense ont eux aussi critiqué la composition du jury. Ils remarquent qu'il n'y avait aucun représentant originaire du Caucase du Nord, car quatre des cinq accusés viennent de Tchétchénie.

L'un d'eux, Lom-Ali Gaïtoukaïev, est soupçonné d'avoir reçu en échange d'une rémunération l'ordre de tuer la journaliste du journal d'opposition Novaïa Gazeta.

A cette fin, il a recruté un lieutenant-colonel de la police de Moscou, Dmitri Pavlioutchenkov, l'ex-policier Sergueï Khadjikourbanov et les frères tchétchènes Roustam, Djabraïl et Ibraguim Makhmoudov, selon l'accusation.

Devant les jurés, M. Gaïtoukaïev a catégoriquement rejeté sa participation à ce crime: "Je ne reconnais d'aucune façon ma culpabilité", a-t-il déclaré, selon l'agence Interfax. "Si tous les participants ont été retrouvés, pourquoi n'a-t-on toujours pas identifié le commanditaire sept ans après?", a renchéri l'avocat de M. Gaïtoukaïev.

Commanditaire difficile à trouver

Le délégué russe aux droits de l'homme, Vladimir Loukine, a déclaré à l'agence Interfax que dans ce genre d'affaires, trouver le commanditaire était la chose "la plus difficile et la plus importante", soulignant que le dossier n'était pas clos.

Les trois frères tchétchènes, Roustam, Ibraguim et Djabraïl Makhmoudov, sont soupçonnés d'être les exécutants. Seul Roustam, qui serait le tireur, est en détention.

Ses deux frères avaient été relaxés à l'issue d'un procès en 2009, mais en 2010, la Cour suprême russe a renvoyé l'affaire au parquet et l'enquête a été rouverte avec les mêmes suspects.

Onze ans de camp

A la suite d'un accord conclu en mai 2012 avec le procureur général adjoint, le cas de M. Pavlioutchenkov, accusé d'avoir orchestré l'assassinat, a été isolé du reste de l'affaire et soumis à une procédure particulière prévoyant une réduction de peine.

En contrepartie, il devait plaider coupable et donner le nom du commanditaire, mais les enfants de la victime ont affirmé qu'il n'avait pas tenu ses engagements.

M. Pavlioutchenkov a été condamné en décembre dernier à 11 ans de camp pour son implication dans l'assassinat.

Anna Politkovskaïa, tuée le 7 octobre 2006 dans le hall de son immeuble à Moscou, était l'une des rares journalistes russes à dénoncer les exactions pendant et après la guerre en Tchétchénie.

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