Les hôpitaux sous équipés attendaient l'aide internationale pour soigner des centaines de blessés.
Dans le quartier de Mpila, à l'est de la capitale du Congo, l'armée interdisait l'accès au coeur du sinistre. De nombreux témoins mettaient en doute le bilan des autorités.
«Il y avait au moins 200 stagiaires à la caserne, plus au moins 100 personnes dans l'église Saint-Louis qui s'est écroulée. Et, il y a des maisons qui se sont écroulées sur des familles», souligne l'un d'entre eux.
Un odeur de cadavres commençait à se faire sentir près du périmètre interdit, où des ambulances et des corbillards stationnaient. Elle se mélangeait à l'odeur de poudre omniprésente.
Dans les rues voisines du dépôt de munitions, des centaines d'habitations dévastées offraient un spectacle de désolation. «C'est comme un tsunami sans eau», a déclaré le ministre de l'intérieur Raymond Mboulou.
Des milliers de personnes fouillaient dans les ruines de leur maison pour tenter de retrouver quelques biens abandonnés la veille. Parfois des petites explosions isolées se font entendre, provoquant la panique des gens qui se mettent à courir. Des obus éclatés jonchent le sol un peu partout.
Hôpitaux surchargés
A certains coins de rue, des habitants ont mis en place des piquets de surveillance pour éviter les pillages. Trois hommes surveillent leur pâté de maison, lampes torche la main. Des patrouilles de police et de militaires circulent en permanence dans le même but.
Adeline Kika attendait ses parents, assise sur un trottoir avec un bébé de treize mois dans les bras, quelques habits et deux enceintes d'une radio posés à côté d'elle. «On retourne à la maison pour emporter les affaires, nous sommes une famille de sept personnes, la maison est complètement détruite, on cherche un taxi pour aller dans la famille», dit-elle.
Les autorités ont ouvert deux églises et un marché couvert pour accueillir les sans-abri dont les maisons ont été soufflées par les explosions. D'autres lieux doivent être aménagés.
Les hôpitaux, sous équipés, travaillent dans des conditions difficiles après l'afflux de blessés, souvent entassés dans les couloirs et les chambres. Plus d'un millier des personnes ont été blessées, selon les autorités qui ont réquisitionné des personnels de santé de toute la ville.
Un court-circuit à l'origine du désastre
Les blessures sont dues à des éclats d'obus ou à des maisons qui se sont effondrées, a indiqué une source hospitalière. Dans les chambres et les couloirs, c'est la cohue. Patients, proches ou personnel médical se croisent dans la confusion, entre des flaques de sang et des blessés allongés qui crient faute d'anti-douleurs.
Deux infirmiers portent un matelas sale et troué sur lequel se trouve un enfant de douze ans souffrant d'une double fracture à la jambe gauche. «C'est le matelas qu'on a emmené de la maison», explique sa mère.
La France, le Maroc, l'Union européenne et la République démocratique du Congo voisine notamment, ont annoncé l'envoi de personnel médical et de médicaments. Le Maroc doit ouvrir un hôpital de campagne.
Selon les premiers éléments de l'enquête, un court-circuit serait à l'origine d'un incendie qui se serait propagé au dépôt d'armes et de munitions du régiment de blindés, en pleine zone d'habitations.
Hier, le chef de l'Etat congolais, Denis Sassou Nguesso, a «insisté sur l'obligation de délocalisation» des casernes militaires à l'extérieur de la capitale.