Ecartelée entre colère et résignation, une foule compacte s'est massée au pied de la statue de Pouchkine sous la surveillance d'un impressionnant dispositif policier. Selon les estimations, il y a là entre 14 000 et 40 000 Moscovites venus chercher des raisons d'espérer encore malgré le coup de massue électoral que vient de leur asséner Vladimir Poutine. Au pied de la tribune, les drapeaux des communistes, des ultranationalistes et du parti libéral Iabloko flottent côte à côte. Sur scène, les représentants des principales formations d'opposition s'emploient tant bien que mal à ranimer une contestation qui souffre à l'évidence d'une solide gueule de bois.
"Je suis triste" , confesse d'emblée Nadjejda, élégante trentenaire employée par une compagnie d'assurance. "Le problème n'est pas tant la victoire de Poutine que l'état général de ce pays. Des tas de gens ont voté pour lui juste parce que le gouvernement a augmenté les salaires de...