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Présidentielle américaine: l'"Obamania" s'est évanouie en Europe

Quatre ans après avoir soulevé une vague d'enthousiasme, Barack Obama fait moins rêver les Européens. La crise en cause.

08 sept. 2012, 09:36
Quatre ans après avoir soulevé une vague d'enthousiasme, Barack Obama fait moins rêver les Européens

Alors que Barack Obama est adoubé par la convention démocrate, l'Obamania qui avait submergé en 2008 le "Vieux continent" semble bien loin.

"Un certain sentiment de déception vis-à-vis du président Obama prédomine en Europe", constate Fredrik Erixon, expert à l'Ecipe (European Centre for International Political Economy) de Bruxelles. Il "pense que celle-ci est davantage liée aux espoirs démesurés nés il y a quatre ans qu'au véritable bilan d'Obama".

"Les attentes étaient probablement trop élevées", renchérit Amine Ait-Chaalal, professeur de relations internationales à l'Université de Louvain, en Belgique. "L'une d'entre elles était que le président Obama puisse effectuer une rupture radicale avec les politiques de l'administration Bush. Or, au nom de la continuité de l'Etat et des intérêts nationaux américains, cette rupture n'était pas envisageable".

Bilan contrasté

Ce désenchantement est résumé par le titre "Dommage" employé en juin par l'influent magazine allemand "Spiegel" pour ouvrir un dossier sur "la présidence ratée de Barack Obama". Son homologue britannique "The Economist" se montre bien moins sévère puisqu'il juge "impressionnante" sa "gestion de la crise et de la récession".

Selon les experts, les Européens approuvent dans leur majorité les grandes lignes de la politique mise en oeuvre depuis 2008, de la réforme de la santé au retrait des troupes américaines d'Irak.

Mais ce bilan est terni par le maintien de la base de Guantanamo, l'impuissance à résoudre les grands dossiers internationaux (conflit israélo-palestinien, Iran) et le relatif désintérêt pour l'Europe affiché par M. Obama. Ce dernier a fait de l'Asie-Pacifique la priorité de la diplomatie américaine.

Crise économique

En Europe de l'Est, en particulier en Pologne, le président américain est parfois critiqué pour sa trop grande "flexibilité" vis-à-vis de la Russie de Vladimir Poutine. Mais c'est surtout la crise économique qui a douché l'idéalisme affiché en 2008 par M. Obama, l'obligeant à abandonner une partie de ses promesses.

Le président américain n'est pas le seul à en souffrir. A l'exception notable d'Angela Merkel, tous les grands dirigeants européens en poste à son arrivée au pouvoir ont été balayés, du Britannique Gordon Brown au Français Nicolas Sarkozy en passant par l'Espagnol José Luis Zapatero et l'Italien Silvio Berlusconi.

Cote de popularité

M. Obama conserve néanmoins l'estime des Européens, avec un taux de confiance de 80%, soit une baisse limitée à 6 points par rapport à 2009, selon un sondage publié en juin par l'institut Pew. Cette cote de popularité est bien plus élevée en Europe que dans les pays musulmans, en Russie ou en Chine.

"En France, les gens votent Obama", a récemment affirmé le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. Un diplomate américain à Paris estime que plus de 90% des Français souhaitent sa réélection.

"Pour la plupart des Allemands, Obama reste le candidat favori", avance aussi Ulrike Guérot, de l'European Council on Foreign Relations. En partie par rejet du camp adverse car "l'évolution récente du Parti républicain suscitent de fortes réserves", en particulier sur les questions de société comme l'avortement, selon elle.

Prudence de mise

Pour le professeur Ait-Chaalal, il faut cependant rester "prudent", car "Mitt Romney reste encore à découvrir pour les Européens".

Quoiqu'il en soit, les Européens ont pris conscience du fait que leur salut ne dépendait pas des résultats du scrutin du 4 novembre. Ils ont désormais la perception que "le relatif déclin économique de l'Amérique allait se poursuivre, tout comme celui de l'Europe, et qu'elle sera donc une force moins influente sur l'échiquier mondial", souligne Fredrik Erixon.

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