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Présidentielle au Mexique: une stratégie anti-drogue contestée mais sans alternative

La décision du président Felipe Calderon d'engager à partir de 2006 l'armée mexicaine dans la lutte antidrogue pourrait coûter le pouvoir à son parti à la présidentielle du 1er juillet.

26 juin 2012, 07:34
La lutte contre la drogue donne lieu à des scène de violence à travers le pays.

Face à une société traumatisée par la violence croissante provoquée par cette stratégie, les candidats à l'élection présidentielle ont même pratiquement fait l'impasse sur le sujet. Les mots "cartel" ou "narcotrafiquants" n'apparaissent pas dans les discours.

Et pourtant, la violence est bien le principal sujet de préoccupation des Mexicains, avant même la pauvreté, selon une enquête de l'institut Mitofsky. Mais pendant la campagne, les candidats se sont limités à indiquer qu'ils maintiendraient les militaires dans les rues, au moins jusqu'à un véritable renforcement des structures et de l'organisation des forces de police.

"Aucun d'entre eux n'a une idée très claire de ce qu'il faut faire et leurs propositions vont dans le même sens: créer une police nationale. Mais au-delà, ils ne sont pas clairs", explique José Antonio Crespo, chercheur du Centre de recherches et d'enseignement économique (CIDE).

Un conseiller colombien

Le favori des sondages, Enrique Peña Nieto, du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), a démenti des insinuations venues des Etats-Unis selon lesquelles le retour au pouvoir de son parti, hégémonique de 1929 à 2000, pourrait signifier la recherche d'un pacte avec les cartels de la drogue pour freiner la violence.

Sa proposition est la création d'une gendarmerie nationale pour assumer la lutte anti-drogue. Il a également annoncé, à quinze jours du scrutin, que le chef de la police colombienne serait son "conseiller extérieur" contre les cartels.

Andres Manuel Obrador, candidat de la gauche, a gardé le silence sur le sujet. Sa priorité a-t-il dit, est de réduire la pauvreté et le manque de débouchés qui encouragent des jeunes à rejoindre la délinquance.

Massacres courants

L'offensive contre les narcotrafiquants a été lancé par le président Felipe Calderon, dès son arrivée au pouvoir en décembre 2006, avec l'appui de 50'000 militaires. Depuis lors, le pouvoir a fait valoir la capture de 22 des 37 chefs du trafic de drogue les plus recherchés. Mais cela n'a pas freiné une violence qui a augmenté en nombre de victimes et en brutalité.

Les massacres sont devenue monnaie courante. Cadavres décapités, mutilés sont abandonnés sur la voie publique. De 2800 victimes en 2007 on est passé à plus de 12'000 en 2010. Le gouvernement a cessé de donner des chiffres officiels depuis septembre 2011, compteur bloqué à 47'500 morts depuis le lancement de l'offensive militaire.

Des estimations de la presse s'accordent sur le fait que l'on aura dépassé les 60'000 morts en décembre 2012. Le gouvernement a attribué l'accroissement de la violence aux luttes entre les cartels. "Les luttes internes de pouvoir en sont la principale cause", a assuré Alejandro Poiré, ministre de l'Intérieur.

"Pas de renseignement, pas de prévention"

Mais les organismes de défense des droits de l'homme comme Amnesty International et le mouvement civil du poète Javier Sicilia ont souligné que de nombreuses victimes, disparus ou personnes torturées, sont totalement étrangères au trafic de drogue.

Selon Javier Oliva, expert en sécurité de l'Université nationale autonome du Mexique, le déploiement militaire masque une absence de réelle stratégie. "On a remplacé la stratégie par une tactique de confrontation. Il n'y a pas de clarté dans les propositions: il n'y a pas de travail de renseignement, pas de prévention", regrette-t-il.


 
 

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