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Présidentielle française: pour la première fois depuis 1969, ils étaient plus nombreux à s'abstenir au deuxième tour qu'au premier

25,4% d'abstention au deuxième tour, contre 22,2% au premier. Une telle progression ne s'était produite qu'une fois en France jusqu'ici, en 1969. Plus généralement, l'abstention, les votes blancs et les votes nuls totalisent plus d'un électeur sur trois. Macron devra en tenir compte.

08 mai 2017, 11:41
11,5% des électeurs se sont rendus aux urnes pour votre blanc ou pour inscrire un autre nom sur leur bulletin que ceux de Le Pen et Macron.

Entre l'abstention et les votes blancs et nuls, plus d'un Français sur trois a refusé de choisir dimanche entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, selon les estimations des instituts de sondage, un niveau record depuis 1969.

Pour ce second tour, l'abstention est évaluée autour de 25-26% des inscrits, un chiffre plus élevé qu'au premier tour (22,63%) et le plus haut enregistré depuis la présidentielle de 1969 (31,4%).

Outre cette abstention élevée, les instituts prévoyaient aussi un nombre record de bulletins blancs et nuls qui approcherait les 9% des inscrits.

"Cela ferait au total plus d'un Français sur trois qui aurait choisi de ne pas choisir entre les deux candidats. C'est vraiment beaucoup pour une présidentielle", constate auprès de l'AFP Anne Jadot, maître de conférences en science politique à l'université de Lorraine. C'est la première fois depuis 1969 que le taux de participation au second tour est inférieur à celui du premier tour.

En 1969, l'élection avait opposé au second tour le gaulliste George Pompidou au centriste Alain Poher. La gauche ayant été éliminée au premier tour, le taux d'abstention avait alors bondi de 22,4% à 31,1% avec également un nombre élevé de bulletins blancs ou nuls.

Pas d'effet de choc

"La présence de l'extrême droite au second tour n'a pas provoqué de surmobilisation par rapport au premier tour contrairement à ce qui s'était passé en 2002. Il n'y a pas eu d'effet de choc, car sa présence était attendue", souligne Mme Jadot.

En 2002, l'abstention avait atteint un niveau record de 28,4% au premier tour. Mais la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour avait ensuite mobilisé massivement les électeurs hostiles au candidat du Front national, provoquant une chute de l'abstention à 20,3%.

A contrario de la tendance nationale, l'abstention a cependant reculé dans les départements et collectivités d'outre-mer, selon les résultats du ministère de l'Intérieur.

 

"Abstention civique"

Autre phénomène, le niveau record de bulletins blancs ou nuls, évalués par les différents instituts à près de 12% des exprimés (contre 6,4% en 1969, précédent record) et 9% des inscrits. Au premier tour, ce taux affichait seulement 2% des inscrits.

"Le vote blanc est revendiqué comme de l'abstention civique, cela manifeste un attachement à l'exercice du droit de vote tout en renvoyant dos-à-dos les candidats", estime Mme Jadot.

Selon un sondage Ipsos-Stéria sur les motivations du vote, 51% de ceux qui ont voté blanc ont refusé de choisir entre deux candidats qu'ils "rejettent totalement". Pour 39% d'entre eux, ce vote ne manifeste pas un rejet mais "aucun ne correspond à leurs idées". Enfin pour 10%, un vote ne servait à rien, la victoire d'Emmanuel Macron étant certaine.

 

Discours culpabilisateur sans effet

Selon un sondage Opinion Way auprès de 7752 personnes étant allées voter, 27% des électeurs de Nicolas Dupont-Aignan ont voté blanc ou nul, tout comme 25% de ceux de Jean-Luc Mélenchon, 21% de ceux de François Fillon et 9% de ceux de Benoît Hamon.

"Même s'il y a eu beaucoup de discussions passionnées, notamment à gauche sur les réseaux sociaux, le discours culpabilisateur à l'égard des électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui comptaient s'abstenir ou voter blanc a peu fonctionné", juge Mme Jadot.

Sans surprise, selon un autre sondage Ipsos-Stéria (mais réalisé de jeudi à samedi), le niveau d'abstention diminue en fonction de l'âge (34% chez les 18-24 ans; 18% chez les plus de 70 ans) et de la situation socio-économique (34% chez ceux qui déclarent moins de 1250 euros de revenus mensuels, 20% chez ceux qui gagnent plus de 3000 euros).

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