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Procès France Télécom: peines maximales requises contre l’entreprise et l’ex-PDG

Jugés pour «harcèlement moral», dix ans après plusieurs suicides de salariés, France Télécom et ses ex-dirigeants ont pris connaissance vendredi du réquisitoire du parquet.

05 juil. 2019, 21:11
France Télécom, rebaptisé Orange en 2013, était devenu à la fin des années 2000 le symbole de la souffrance au travail.

Le parquet a requis vendredi les peines maximales contre France Télécom et ses ex-dirigeants, dont l’ancien PDG Didier Lombard. Ils sont jugés pour «harcèlement moral», dix ans après plusieurs suicides de salariés.

«Les peines prévues par la loi à l’époque des faits sont très faibles. On ne peut que demander le maximum», a déclaré la procureure Brigitte Pesquié. Le parquet a donc demandé 75’000 euros d’amende contre France Télécom, première entreprise du CAC 40 à être jugée pour «harcèlement moral», et un an d’emprisonnement et 15’000 euros d’amende contre l’ex-PDG, l’ex-numéro 2 Louis-Pierre Wenès et l’ex-DRH Olivier Barberot.

Contre les quatre responsables qui étaient jugés pour «complicité de harcèlement moral», le parquet a requis huit mois d’emprisonnement et 10’000 euros d’amende. «Ce qui est hors norme (dans ce dossier), c’est un harcèlement (érigé en) stratégie dans une des plus grandes sociétés du pays», a déclaré la procureure. C’est «le dossier le plus grave de harcèlement moral que j’ai eu à voir», a ajouté la magistrate, à l’issue d’un réquisitoire à deux voix qui a duré cinq heures.

Symbole de la souffrance au travail

Didier Lombard, Louis-Pierre Wenès et Olivier Barberot, «les chefs incontestés de la politique d’entreprise manageriale (…) peuvent qualifier leurs agissements ainsi: le harcèlement moral est mon métier», a auparavant déclaré la procureure Françoise Benezech. «L’obsession» du départ en trois ans de 22’000 salariés et de la mobilité de 10’000 personnes «est devenue le coeur de métier des dirigeants de France Télécom», a-t-elle estimé.

France Télécom, rebaptisé Orange en 2013, était devenu à la fin des années 2000 le symbole de la souffrance au travail. Il y a dix ans, l’entreprise faisait la une des médias alors que plusieurs salariés se suicidaient en laissant des courriers accablants contre leur employeur. Le tribunal a analysé les cas de trente-neuf parties civiles, retenues par les magistrats instructeurs. Parmi elles, dix-neuf se sont suicidées.

Au coeur du procès, qui s’intéresse à la période 2007 - 2010: les plans Next et Act, qui visaient à transformer France Télécom en trois ans, avec notamment cet objectif de 22’000 départs et 10’000 mobilités sur un total de 120’000 salariés.

Le procès doit s’achever le 11 juillet, après les plaidoiries de la défense.

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