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Référendum en Turquie: Erdogan réintègre l'AKP et fait du chantage à l'Europe

Grâce à l'acceptation de son référendum, le président turc Recep Tayyip Erdogan a pu réintégrer le parti politique de l'AKP qu'il a lui-même formé. Il a profité de son discours pour menacer l'Europe si le processus d'adhésion à l'UE n'était pas relancé.

02 mai 2017, 15:37
M. Erdogan avait réintégré l'AKP, qu'il a cofondé en 2001 et qui domine depuis quinze ans la scène politique.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réintégré mardi son Parti de la justice et du développement (AKP), presque trois ans après l'avoir quitté. Il a menacé de dire "au revoir" à l'UE si celle-ci n'ouvre pas de nouveaux chapitres de négociations pour l'adhésion d'Ankara.

 

 

"Vous n'avez d'autre choix que d'ouvrir les chapitres que vous n'avez pas ouverts", a lancé M. Erdogan lors d'un discours à Ankara. "Si vous les ouvrez, très bien. Dans le cas contraire, au revoir".

Les relations entre Ankara et Bruxelles sont houleuses depuis le putsch manqué de juillet en Turquie. Elles se sont encore fortement tendues pendant la campagne pour le référendum sur le renforcement des pouvoirs de M. Erdogan, en raison de l'annulation de meetings de ministres turcs en Europe.

Processus dans les limbes

Le processus d'adhésion de la Turquie à l'UE est dans les limbes depuis plusieurs années, et des progrès semblent peu probables. Depuis le début officiel des pourparlers d'adhésion de la Turquie en 2005, 16 chapitres sur 35 ont été ouverts, le dernier en juin 2016.

Malgré les tensions, la Turquie reste un important partenaire de l'UE, notamment dans la lutte antiterroriste et sur le dossier migratoire. Ankara et Bruxelles ont ainsi conclu l'année dernière un pacte qui a permis de réduire drastiquement le nombre de passages clandestins en Grèce depuis les côtes turques.

"D'abord, vous devez vous occuper de ces chapitres, vous devez tenir vos promesses. Après cela, nous nous assiérons à la table. Dans le cas contraire, nous n'avons plus rien à discuter avec vous", a martelé M. Erdogan.

Mise en scène cinématographique

Plus tôt dans la journée, M. Erdogan avait réintégré l'AKP, qu'il a cofondé en 2001 et qui domine depuis quinze ans la scène politique. Cette mesure va lui permettre de briguer la direction du parti islamo-conservateur, lors d'un congrès extraordinaire le 21 mai.

Le retour de M. Erdogan à l'AKP a donné lieu à une mise en scène cinématographique, les chaînes de télévision turques retransmettant en direct des images aériennes du convoi présidentiel se rendant au siège du parti, dont la façade était ornée d'un gigantesque portrait du chef de l'Etat.

 

 

M. Erdogan avait officiellement coupé ses liens avec l'AKP lorsqu'il avait été élu président en août 2014, comme le prévoyait alors la Constitution, mais avait conservé une large influence sur le parti, qu'il avait pris soin de truffer de fidèles.

L'exemple d'Atatürk

La révision constitutionnelle, adoptée le 16 avril, autorise désormais le président à réintégrer un parti politique. Cette mesure est la première du texte à être appliquée, la plupart de ses dispositions entrant en vigueur en 2019.

Les détracteurs de M. Erdogan critiquent une mesure qui met fin à l'impartialité du président, mais ce dernier rétorque que le fondateur de la République, Mustafa Kemal, était lui aussi à la tête de son parti lorsqu'il dirigeait la Turquie.

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