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Relaxé, le chef de l'opposition promet la chute du gouvernement

Le populaire chef de l'opposition malaisienne Anwar Ibrahim a été blanchi lundi d'accusations de sodomie, politiquement motivées selon lui.

09 janv. 2012, 09:39
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Il a aussitôt promis de faire tomber le gouvernement en place aux prochaines législatives, prévues dans quelques mois.

"Merci mon Dieu, justice a été rendue", a déclaré Anwar Ibrahim, 64 ans, visiblement soulagé après un acquittement que beaucoup de ses fidèles n'espéraient plus. Le leader de l'opposition avait lui-même affirmé dimanche à l'AFP s'être "préparé" à être condamné.

L'ancien vice-Premier ministre était accusé d'avoir sodomisé un ex-conseiller, un crime passible de 20 ans de prison en Malaisie, pays à majorité musulmane.

Selon l'opposition, ces accusations ont été fabriquées de toutes pièces afin de barrer la route au leader charismatique qui avait conduit une coalition d'opposants à la victoire lors des dernières législatives de 2008. M. Anwar a été poursuivi peu après ce scrutin.

L'accusateur avait reconnu avoir rencontré le premier ministre Najib Razak avant de déposer plainte, preuve selon la défense que l'affaire avait été fabriquée de toutes pièces et avait un arrière-plan politique.

Elections attendues

Mais ces plans ont échoué, s'est réjoui M. Anwar, lançant un défi au pouvoir en place. "Aux prochaines élections, (la) voix du peuple sera entendue et ce gouvernement corrompu tombera de son piédestal", a-t-il assuré dans un message diffusé sur Twitter.

Des élections législatives doivent être convoquées au plus tard d'ici 2013. Mais M. Razak devrait les organiser dans les quelques mois à venir, selon la presse locale.

Ce verdict relance la campagne en vue des prochaines élections. "Il venge M. Anwar et ôte de manière significative les doutes sur sa conduite personnelle, sujet de préoccupations, en particulier au sein de l'électorat musulman conservateur", a expliqué Ibrahim Suffian, responsable du Centre Merdeka, premier institut d'enquêtes d'opinion en Malaisie.

Des accusations similaires avaient déjà empêché Anwar Ibrahim de prendre les rênes d'un pouvoir qui lui semblait à portée de mains. A la fin des années 90, il était alors vice-Premier ministre et considéré comme le dauphin du chef du gouvernement d'alors, Mahathir Mohamad.

Mais un vif différend provoqua leur séparation et sa démission forcée en 1998. Peu après, il a été condamné et emprisonné pour sodomie et corruption. Ces accusations, dont il s'est toujours défendu, ont cependant été abandonnées en 2004.

Satisfaction de l'opposition

Revenu sur le devant de la scène politique, M. Anwar a pris le commandement d'une coalition d'opposants, aujourd'hui appelée l'Alliance du peuple (PR). En 2008, ce rassemblement au programme largement social-démocrate avait obtenu un score sans précédent aux législatives.

Sa relaxe, qui vient clore deux ans d'un procès aussi controversé que retentissant, a suscité les vivats d'une foule de milliers de partisans qui ont accueilli, le poing dressé, ce verdict aux cris de "Reformasi" (la réforme), cri de ralliement des soutiens de M. Anwar.

Trois explosions de faible intensité ont retenti aux abords du tribunal peu après le verdict, faisant cinq blessers légers. La police a mis en cause des pétards mais le quotidien "The Star" a affirmé que des roulements à billes, des piles et des fils électriques avaient été retrouvés.

Le Fonds Bruno Manser salue

En Suisse, la Fondation Bruno Manser (BMF) a elle aussi salué ce verdict. Elle espère qu'il constituera "un jalon en vue de la poursuite de l'ouverture et de la démocratisation du pays".

Dans un communiqué, l'organisation écologiste espère en particulier que la justice malaisienne aura désormais "le courage" de traîner en justice le chef du gouvernement de l'Etat du Sarawak, Abdul Taib Mahmud, qu'elle accuse de corruption.

Au cours des trois dernières décennies, la famille Taib a réussi à s'approprier la direction politique, mais aussi un contrôle économique important sur les grandes ressources du Sarawak, le plus grand Etat de Malaisie, ajoute le BMF sur son site internet.


 
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