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Roumanie: le commandant de la pire prison du pays jugé pour crime contre l'humanité

A 89 ans, Alexandru Visinescu se retrouve devant un tribunal de Bucarest pour répondre de crimes qu'il a commis il y a plus de 50 ans. Sous la dictature communiste, il était à la tête de l'une des prisons les plus brutales du pays.

24 sept. 2014, 10:36
Sous son commandement, au moins 14 détenus seraient morts suite à des mauvais traitements.

Le procès du commandant de l'une des plus brutales prisons communistes roumaines, accusé de crimes contre l'humanité, a débuté mercredi à la Cour d'appel de Bucarest. Près de 25 ans après la chute du régime totalitaire, la justice demande pour la première fois des comptes à un dirigeant de prison ou camp de travail communiste dans le pays.

Plus de 600'000 personnes - intellectuels, opposants politiques, officiers ou prêtres - ont été détenues entre 1947 et 1989.

L'accusé, Alexandru Visinescu, qui aura 89 ans samedi, est arrivé au tribunal accompagné d'un de ses neveux, qui parle la plupart du temps pour lui. "A mon âge, je ne suis pas bien. Voyez dans quel état je suis!", a déclaré M. Visinescu avant d'entrer dans la salle. "Comment pourrais-je avoir confiance dans la justice après tout ce qu'on a raconté sur moi?", a-t-il ajouté.

Risque de prison à perpétuité

Il est accusé d'avoir instauré un "régime d'extermination" à la prison de Ramnicu Sarat (est), qu'il dirigea entre 1956 et 1963. Le terrible établissement était connu, outre pour le manque de nourriture et de chauffage, pour l'isolement des détenus, condamnés au silence absolu. Il risque la prison à perpétuité.

"En tant que commandant, l'inculpé (...) a soumis les détenus politiques à des conditions de nature à entraîner leur destruction physique, en les privant de soins médicaux, de nourriture et de chauffage et en leur infligeant de mauvais traitements", indique l'acte d'accusation. Au moins 14 détenus en sont morts.

Décrit comme une "brute" par certaines de ses victimes, M. Visinescu clame son innocence et montre du doigt ses supérieurs. "Je n'étais pas responsable des règles dans la prison. Je respectais les ordres de la direction", avait-il déclaré.

Plusieurs mois voire des années

"Ce procès est particulièrement important car, pour la première fois, un instrument de la terreur communiste comparaîtra devant la justice", a indiqué le président de l'Institut roumain de recherche sur les crimes du communisme (IICCMER) Radu Preda. "Toutes proportions gardées, il s'agit d'un Nuremberg roumain", a-t-il jugé. D'autres procès devraient suivre, 35 autres tortionnaires présumés étant dans le collimateur de la justice.

Nombre d'anciens détenus ou leurs proches estiment que ces démarches interviennent trop tard, alors que la plupart des anciens chefs de prison ont plus de 80 ans et pourraient ne pas passer un seul jour en prison.

Le procès de M. Visinescu pourrait durer plusieurs mois voire des années. Son avocat Dan Petre, avait évoqué dans un bref entretien avec l'AFP "l'état précaire de santé physique et mentale" de son client. Selon des sources proches du dossier, il pourrait plaider l'aliénation pour obtenir un acquittement.

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