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Roumanie: le premier ministre sortant a été battu au second tour de la présidentielle

Contre toute attente, le Premier ministre sortant Victor Ponta a été battu par son challenger Klaus Iohannis au second tour de l'élection présidentielle en Roumanie.

16 nov. 2014, 23:02
Le premier ministre social-democrate Victor Ponta est au coude à coude avec son adversaire Klaus Iohannis.

Klaus Iohannis, 55 ans, est devenu ce soir le premier membre de la minorité allemande de Roumanie à accéder à la présidence de ce pays à l'issue du 2e tour de l'élection présidentielle. Le Premier ministre social-démocrate Victor Ponta a reconnu sa défaite. Il a félicité son adversaire de droite malgré des sondages contradictoires à la sortie des urnes.

"J'ai félicité M. Iohannis pour sa victoire. Le peuple a toujours raison", a déclaré M. Ponta qui était pourtant donné grand favori de l'élection. "Le scrutin a été phénoménal, la participation a été énorme", a lancé de son côté M. Iohannis depuis son siège de campagne.

Klaus Iohannis apparaît atypique sur la scène politique roumaine: ex-professeur de physique, mal à l'aise devant les caméras, il s'est tenu à l'écart des polémiques alors qu'il était accusé de ne pas être un "vrai Roumain" du fait de ses origines allemandes. L'actuel maire de Sibiu a réussi à faire de cette ville de Transylvanie un centre touristique.

Participation record
Avant le coup de théâtre de ce soir, Victor Ponta et son adversaire de droite Klaus Iohannis étaient restés au coude à coude, plusieurs sondages à la sortie des urnes peinant à les départager.

M. Iohannis était crédité d'une légère avance dans trois sondages (de 50,9 à 51,5%), tandis que le Premier ministre de 42 ans menait dans deux autres sondages (50,7 à 50,9%). Les deux hommes arrivaient finalement à égalité dans un sixième sondage, alors que les premiers résultats partiels étaient attendus dans la nuit.

La surprise est d'autant plus grande que les sondages réalisés entre les deux tours donnaient M. Ponta gagnant avec une avance de huit points. La mobilisation des jeunes aurait fait la différence, d'après les analystes.

Selon des chiffres préliminaires, le taux de participation s'est élevé à 61%, un record pour la Roumanie où la lassitude des électeurs face à la corruption et à la pauvreté n'a cessé de croître ces dernières années.

Diaspora écoeurée
Les sondages sortis des urnes n'avaient pas encore pris en compte les voix des Roumains de la diaspora (3 millions de votants), lesquelles penchaient plutôt en faveur de M. Iohannis.

Leur mobilisation a été particulièrement forte et des milliers de Roumains attendaient toujours de pouvoir voter dimanche en fin de soirée à Paris, Londres ou Turin, fustigeant le gouvernement en place pour avoir refusé d'ouvrir davantage de bureaux de vote.

Quelque 200 Roumains étaient massés devant leur ambassade à Paris, peu avant la clôture du scrutin, la plupart affirmant n'avoir pas pu voter et exprimant leur colère. "Je suis ici depuis sept heures du matin sans pouvoir voter", a déclaré un artisan de 26 ans, assurant comme toutes les personnes interrogées par l'AFP appuyer Klaus Iohannis.

Solidarité à Bucarest
"Voleurs, voleurs", "On va gagner!", criaient les Roumains massés sous la pluie devant le bâtiment de l'ambassade à Paris. "Non à la mafia communiste", proclamait une pancarte en carton brandie par un manifestant. Au premier tour, Klaus Iohannis avait obtenu 46% des voix des expatriés, contre 15,8% seulement pour Victor Ponta.

Dans plusieurs grandes villes du pays, dont Bucarest, des milliers de personnes se sont une nouvelle fois rassemblées pour exprimer leur solidarité avec les expatriés "humiliés" et "empêchés de voter".

"Nous descendons dans la rue pour pouvoir voter librement", ont en revanche indiqué les organisateurs du scrutin, rappelant qu'un millier de Roumains sont morts en 1989 pour obtenir ce droit lors du renversement du régime communiste.

Vote crucial
Ce scrutin était considéré comme crucial, à un moment où la démocratie a subi des revers dans d'autres pays d'Europe centrale comme la Hongrie, et où une certaine crainte a été exprimée d'une reprise en main de la justice par la majorité au pouvoir.

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