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Russie: la pédopornographie prospère et reste incontrôlable

Les autorités russes ont adopté une loi plaçant sur "liste noire" les sites internet promouvant la pédopornographie.

13 août 2012, 07:07
Plus de 9500 sites et pages web à caractère pédopornographique ont été détectés en Russie en 2011, selon l'ONG russe Ligue de l'Internet sans danger.

La pédopornographie prospère sur l'internet en Russie et y reste incontrôlable. Ce fléau a été mis en avant par les autorités pour justifier la récente adoption d'une loi introduisant des "listes noires" de sites se livrant à des activités interdites.

"La Russie figure, malheureusement, parmi les trois premiers pays les plus touchés par la propagation de la pédopornographie", a affirmé la sénatrice russe Lioudmila Naroussova au moment de l'adoption du texte, disant s'appuyer sur des statistiques officielles.

Plus de 9500 sites et pages web à caractère pédopornographique ont été détectés en Russie en 2011, selon l'ONG russe Ligue de l'Internet sans danger.

Pas encore de sanction pénale

"La Russie n'a toujours pas introduit de sanctions pénales contre la production et la possession de produits pédopornographiques à des fins personnelles. C'est l'un des principaux problèmes", explique Denis Davydov, directeur de cette ONG.

Cette lacune juridique fait de ce pays "un terrain propice pour les producteurs de pédopornographie", qui y installent leurs sites à destination d'utilisateurs du monde entier, estime Olga Kostina, membre de la Chambre civile russe - un organe consultatif auprès du Kremlin.

Si la législation reste en l'état, "la Russie risque de se transformer en un paradis pour les pédophiles", a averti le délégué du Kremlin pour les droits de l'enfant, Pavel Astakhov, dans une récente interview. Un autre problème est "l'absence de définition claire de la pédopornographie dans la législation russe", souligne M. Davydov.

Définition vague

D'après les termes retenus par l'ONU, "on entend par pornographie mettant en scène des enfants toute représentation, par quelque moyen que ce soit, d'un enfant s'adonnant à des activités sexuelles explicites, réelles ou simulées, ou toute représentation des organes sexuels d'un enfant, à des fins principalement sexuelles".

Mais la Russie ne s'est pas jointe à ce jour au protocole de l'ONU consacré à ce fléau et à la prostitution des enfants, entré en vigueur en 2002.

Pour l'heure, le code pénal russe ne fait référence qu'à des "représentations pornographiques de mineurs". Cette définition "très vague" permet à de nombreux producteurs de pédopornographie d'échapper à la justice, souligne M. Davydov.

Les autorités ont mis en avant la nécessité de lutter contre la pédopornographie pour expliquer l'adoption en juillet de la loi sur les "listes noires" de sites Internet, même si de nombreux observateurs soupçonnent les autorités de vouloir ainsi censurer la Toile en Russie.

Registre fédéral à créer

Un registre fédéral sera créé en novembre pour réglementer l'activité sur le web, et des sites pourront être fermés en cas d'infractions touchant aussi d'autres domaines (promotion de la consommation de drogue, conseils pour se suicider).

Cette loi doit permettre de "réduire considérablement le nombre des crimes sexuels contre les enfants", se félicite M. Davydov. "Tant que la pédopornographie sera facilement accessible, les adultes se sentiront impunis, ils s'en inspirent, sortent dans la rue et violent nos enfants", ajoute-t-il.

"Cette loi ne sera peut-être pas la panacée, mais cela pourrait être un bon point de départ" pour combattre ce mal en Russie, estime Mme Kostina.

Crimes multipliés par dix

Officiellement inconnue en URSS, au même titre que toute pratique "déviante" dont était jugée exempte la société communiste, la pédopornographie s'est développée depuis la chute du régime en 1991, en même temps que prenait son essor son principal vecteur, l'Internet.

Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), le nombre des crimes liés à l'exploitation des enfants à des fins pornographiques et sexuelles a été multiplié par dix en Russie entre 2000 et 2011, année où plus de 9000 enfants en ont été victimes.


 
 

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