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Russie: Mikhaïl Khodorkovski quitte le pays après dix ans de camp

Le président russe Vladimir Poutine a signé vendredi le décret de grâce de Mikhaïl Khodorkovski, un ancien magnat du pétrole. Ce dernier a quitté dans la matinée le camp où il était détenu depuis dix ans et s'est aussitôt envolé pour l'Allemagne.

20 déc. 2013, 18:30
FILE - In this Monday, Dec. 27, 2010 file photo former oil tycoon Mikhail Khodorkovsky stands behind glass at a court room in Moscow, Russia. President Vladimir Putin said on Thursday, Dec. 19, 2013, that he will pardon jailed oil tycoon Mikhail Khodorkovsky after more than a decade in prison. Putin told reporters after his marathon news conference that Khodorkovsky submitted an appeal for pardon and he intends to grant it. (AP Photo/Sergey Ponomarev)

L'ex-magnat du pétrole et critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski est sorti de prison vendredi, gracié par le président Vladimir Poutine après plus de dix ans de camp dans le Grand Nord. Il a aussitôt quitté la Russie pour l'Allemagne, pays qui a oeuvré "en coulisse" à sa libération.

"Je peux confirmer que Mikhaïl Khodorkovski est arrivé à l'aéroport (berlinois) de Schönefeld aujourd'hui" a déclaré un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.

Un temps incarcéré en Sibérie, Mikhaïl Khodorkovski a passé ses dernières années de détention dans la colonie pénitentiaire n°7, à Segueja près de la frontière finlandaise, à 300 km du cercle polaire, dans une région naguère célèbre pour ses goulags.

Vladimir Poutine a surpris tout le monde jeudi en annonçant, au terme d'une conférence de presse de quatre heures, son intention de gracier l'ancien oligarque, emprisonné depuis dix ans, officiellement pour détournement de fonds.

Jeux de Sotchi

Des analystes politiques et économistes ont estimé que Vladimir Poutine cherchait à améliorer le climat des affaires, et l'image de la Russie à l'approche des Jeux olympiques de février à Sotchi, un projet de première importance pour le président russe.

"Je pense que la décision de libérer les 'Pussy Riot', les activistes de Greenpeace et Khodorkovski a été prise juste avant les Jeux olympiques de manière à ce qu'ils (les détracteurs occidentaux de Poutine) ne puissent plus brandir ces arguments-là," a-t-on ajouté de source gouvernementale russe.

"Principes d'humanité"

Le décret présidentiel précise que la grâce accordée par Vladimir Poutine "est guidée par les principes d'humanité". En l'annonçant jeudi, le président russe avait affirmé répondre à une demande formulée par Khodorkovski en raison de la mauvaise santé de sa mère, Marina, qui serait soignée à Berlin pour un cancer.

Mikhaïl Khodorkovski a confirmé vendredi, après avoir recouvré la liberté, avoir demandé la clémence de Vladimir Poutine pour des raisons familiales. Il a assuré n'avoir pas pour autant reconnu la moindre culpabilité dans les faits qui lui avaient valu sa condamnation.

Selon le quotidien Kommersant, M. Khodorkovski a accepté de présenter une demande en grâce après avoir reçu en détention la visite de membres des services secrets qui ont évoqué la perspective d'une nouvelle condamnation et lui ont raconté que l'état de santé de sa mère se dégradait.

Fin de peine dans huit mois

Arrêté sur une piste d'aéroport en Sibérie en octobre 2003 puis condamné à dix ans de prison pour détournement de fonds et fraude, Mikhaïl Khodorkovski, 50 ans, aurait normalement fini de purger sa peine dans huit mois, soit en août prochain.

Le groupe pétrolier Ioukos qu'il dirigeait a été démantelé et ses différentes branches ont été mises en vente. Une bonne part d'entre elles ont fini dans l'escarcelle de la compagnie pétrolière nationale russe Rosneft.

Le PDG de Rosneft, Igor Setchine, a estimé vendredi qu'il n'y avait pas de risque d'action en justice de la part de Mikhaïl Khodorkovski après sa libération.

Raisons politiques

Pour ses partisans, l'ex-magnat a été emprisonné avant tout pour des raisons politiques, car il pouvait devenir un rival de l'actuel chef du Kremlin. Condamné pour avoir affiché son indépendance et ses ambitions politiques, et financé l'opposition, il est devenu le symbole de la dérive autoritaire de la Russie.

Pour le politologue Gleb Pavlovski, interrogé par la radio indépendante Echo de Moscou, Vladimir Poutine n'aurait pas permis la libération de Khodorkovski s'il le considérait encore comme une menace.

L'Allemagne à la manoeuvre

Se réjouissant de l'événement, la chancelière allemande Angela Merkel a pour sa part indiqué que Berlin y avait oeuvré "en coulisses".

L'ancien ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher "s'est occupé du dossier de façon intensive" pour des raisons humanitaires et à la demande des avocats de l'ex-magnat, a précisé le porte-parole de Mme Merkel, Steffen Seibert. Il a accueilli M. Khodorkoski à sa descente d'avion à Berlin.

Le principal associé de M. Khodorkovski, Platon Lebedev, arrêté, jugé et condamné avec lui, devrait lui sortir de détention en mai 2014. Son avocat a déclaré à l'agence Interfax qu'il allait évoquer avec lui la possibilité d'une demande de grâce.

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