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Russie: quelles sont les grandes affaires d’empoisonnement d’opposants à Poutine?

Le doute n’est plus permis. Alexeï Navalny a été empoisonné. L’Allemagne, où l’opposant russe est hospitalisé, soupçonne très fortement le pouvoir russe. Le Kremlin a plusieurs fois eu recours à l’empoisonnement de ses opposants par le passé. Voici les affaires les plus retentissantes de ces 15 dernières années.

07 sept. 2020, 12:09
Alexeï Navalny est le dernier cas d'empoisonnement d'opposants au pouvoir russe.

1. Viktor Iouchtchenko (2005)

Le 6 septembre 2004, Viktor Iouchtchenko, alors dans l’opposition, était tombé gravement malade en pleine campagne présidentielle ukrainienne où il affrontait le candidat favori du pouvoir en place et de Moscou, le Premier ministre pro-russe Viktor Ianoukovitch.

Après la victoire annoncée de Viktor Ianoukovitch, considérée comme frauduleuse, Viktor Iouchtchenko, défiguré par le poison, avait finalement été porté au pouvoir par la «révolution orange» soutenue par l’Occident, et l’organisation d’un nouveau tour de scrutin.

L’enquête sur son empoisonnement n’a par la suite guère progressé, même si des expertises officielles ont confirmé la forte présence de dioxine dans l’organisme de Viktor Iouchtchenko. Celui-ci avait mis en cause le régime de son prédécesseur Leonid Koutchma, proche du pouvoir russe.

2. Alexandre Litvinenko (2006)

Alexandre Litvinenko est un ex-agent du FSB (services secrets russes) exilé en Grande-Bretagne et devenu opposant au Kremlin. Il est mort le 23 novembre 2006 après trois semaines d’agonie à la suite d’un empoisonnement au polonium-210, une substance radioactive extrêmement toxique.

Une enquête menée au Royaume-Uni avait conclu près de dix ans plus tard à la responsabilité de l’Etat russe et à la culpabilité de deux exécutants, les Russes Andreï Lougovoï et Dmitri Kovtoun. Ceux-ci avaient pris un thé avec la victime au Millenium Hotel, dans le centre de Londres.

Le président russe Vladimir Poutine en personne et le FSB avaient des motifs pour s’en prendre à Litvinenko, y compris l’assassiner, a estimé le juge en charge de l’enquête. L’ex-agent avait demandé à Poutine, alors patron du FSB, d’engager des réformes. Il avait rejoint quelques années plus tard à Londres le milliardaire Boris Berezovski, farouche ennemi de Vladimir Poutine, et enquêté sur d’éventuels liens entre le Kremlin et des réseaux mafieux.

3. Sergueï et Ioulia Skripal (2018)

Deux personnes retrouvées inconscientes sur un banc au centre de Salisbury, en Angleterre, avaient créé l’émoi en mars 2018. Après leur hospitalisation, il est rapidement apparu que l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia ont été empoisonnés au Novitchok, un puissant agent neurotoxique de conception soviétique, en représailles pour sa collaboration avec les services de renseignement britanniques.

Un haut gradé des services de renseignement militaires russes (GRU) aurait empoisonné Sergueï Skripal depuis Londres, conclut une enquête indépendante. La Russie rejette toujours ces accusations, et ses relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne, déjà ternies dix ans plus tôt par l’affaire Litvinenko, se sont détériorées. Hormis le Royaume-Uni, de nombreux pays ont expulsé des diplomates russes de leur territoire après la révélation de cette affaire.

Les Skripal ont réchappé à l’attaque et se trouvent actuellement dans un lieu tenu secret. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a ajouté l’an dernier le Novitchok à sa liste des substances interdites.

4. Alexeï Navalny (2020)

Il est le principal opposant politique à Vladimir Poutine, de quoi en faire a priori une cible toute désignée du Kremlin. Le 20 août dernier, Alexeï Navalny était dans un vol de la Sibérie pour Moscou quand l’avion a dû atterrir en urgence en raison de la dégradation subite de son état de santé.

D’abord admis aux urgences de l’hôpital d’Omsk, en Sibérie, il a finalement été transféré à Berlin dans un centre hospitalier disposant d’équipements adéquats. Selon les médecins sur place et le gouvernement allemand, il a été «sans équivoque» empoisonné en Russie lors d’une tournée électorale par un agent neurotoxique de type Novitchok, le même qui a servi à empoisonner Sergueï et Ioulia Skripal en 2018.

Berlin et les autres pays occidentaux ont exhorté Moscou à plusieurs reprises à faire la lumière sur l’empoisonnement. La plupart d’entre eux soupçonnent une implication du pouvoir russe. Berlin a fixé un ultimatum pour avoir des explications sur son empoisonnement avant de possibles sanctions, tandis que Moscou accuse l’Allemagne de ne pas coopérer.

L’avocat de 44 ans a déjà été victime d’attaques physiques. En 2017, il avait été aspergé d’un produit antiseptique dans les yeux à la sortie de son bureau à Moscou. Ses partisans et leurs familles font régulièrement l’objet d’interpellations, de perquisitions et de pressions policières dans toute la Russie.

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