Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Russie: une mutinerie met en lumière les abus dans les prisons

Les tensions persistaient lundi autour d'une prison de l'Oural où plus de 200 prisonniers se sont mutinés ce week-end pour dénoncer tortures et extorsions.

26 nov. 2012, 15:10
Le système carcéral russe compte au total environ 640'000 prisonniers pour une population de 143 millions d'habitants.

Un soulèvement dans une prison russe met en lumière les abus régulièrement dénoncés dans le système pénitentiaire russe.

Environ 250 prisonniers, sur environ 1500 incarcérés dans la prison numéro 6 de Kopeïsk, dans la région de Tcheliabinsk, au centre de la Russie, se sont rebellés pour dénoncer des violences et des extorsions dont ils se disaient victimes de la part des gardiens, et exiger la libération de camarades placés à l'isolement.
 
Des dizaines de détenus sont montés sur le toit de la prison et ont déployé une banderole de fortune avec l'inscription "A l'aide!". Plusieurs centaines de personnes, apparemment des proches des prisonniers, se sont rassemblés devant la colonie pénitentiaire pour soutenir le mouvement.
 
Les forces anti-émeutes sont intervenues dans la nuit de samedi à dimanche pour les disperser, avec violence selon les défenseurs des droits de l'homme et des témoins interrogés à la télévision, parfois le visage tuméfié.
 
Situation tendue lundi encore
 
Le ministère de l'Intérieur a affirmé de son côté que huit policiers avaient été blessés dans des heurts, indiquant par ailleurs qu'une quarantaine de personnes avaient été interpellées. La situation restait toujours tendue lundi autour de la prison.
 
Oksana Troufanova, défenseur des droits de l'homme sur place, a indiqué qu'il y avait beaucoup de policiers autour du bâtiment et que les proches de détenus ne se dispersaient toujours pas.
 
Le délégué local pour les droits de l'homme, Alexeï Sevastianov, avait indiqué pour sa part dimanche que plus de 200 détenus poursuivaient leur action par une "grève du sommeil et de la faim".
 
Système carcéral gangrené
 
Ces événements ont mis en lumière les abus commis dans le système carcéral en Russie, qui compte au total environ 640'000 prisonniers pour une population de 143 millions d'habitants. Selon Valeria Prikhodkina, une membre de la commission locale de visiteurs de prison, les problèmes dans la prison de Kopeïsk étaient connus depuis longtemps.
 
"Il y a eu des passages à tabac, une personne est morte dans la prison. Nous avons des tas de preuves de détenus, de proches, sur des tortures, des humiliations, des extorsions d'argent", a-t-elle raconté, affirmant que le parquet étouffait ces affaires.
 
Le délégué fédéral pour les droits de l'homme, Vladimir Loukine, a de son côté déclaré ne pas être surpris par les événements, et disposer "de témoignages selon lesquels la corruption prospère (dans la prison), et des proches de détenus sont victimes d'extorsions".
 
Début novembre, le Conseil de l'Europe a dans son rapport annuel souligné que la Russie était toujours le dernier Etat membre à s'opposer systématiquement à la publication de rapports sur la torture dans ses prisons.
Votre publicité ici avec IMPACT_medias