Une nouvelle thérapie ciblée arrête pendant plus de deux ans la progression d'une forme agressive du cancer du poumon, selon les résultats d'un essai clinique publiés lundi. Une durée trois fois plus longue que ce que réalise le traitement de référence actuel.
L'Alecensa (alectinib), du groupe pharmaceutiques bâlois Roche, a ainsi bloqué 15 mois de plus la prolifération de ce cancer pulmonaire non à petites cellules (CPNPC) avec la mutation génétique ALK, que le Xalkori (crizotinib) du concurrent américain Pfizer. L'étude a été menée avec 303 patients.
Des études Roche dans le #cancer du #sein et du #poumon seront présentées à la conf de presse #ASCO17. Pour les #patients #NeJamaisRenoncer pic.twitter.com/RlVqVDh24t
— Roche France (@Roche_France) 5 juin 2017
"Personne n'aurait imaginé possible de retarder aussi longtemps la progression d'un cancer avancé du poumon puisque pour la plupart des thérapies ciblées pour les tumeurs pulmonaires on obtient un arrêt de la progression de la tumeur autour de douze mois", a expliqué la Dr Alice Shaw, directrice du service de cancérologie thoracique au Massachusetts General Hospital à Boston.
Elle a mené cet essai clinique de phase 3 dont elle a présenté les résultats à la conférence annuelle de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), le plus grand colloque mondial sur le cancer qui se tient à Chicago depuis vendredi.
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Aider les malades
Ces deux molécules, l'Alecensa et le Xalkori, ciblent la mutation du gène ALK, qui affecte 5% environ de toutes personnes atteintes d'un cancer du poumon CPNPC et dope la prolifération des cellules cancéreuses. Quelque 12'500 cas sont diagnostiqués annuellement aux Etats-Unis et 140'000 dans le monde, selon l'ASCO.
"Le fait que cette thérapie ciblée de deuxième génération arrête la progression d'un cancer avancé du poumon pendant plus de deux ans tout en empêchant des métastases dans le cerveau, est un résultat remarquable contre cette maladie difficile", a jugé le Dr John Heymach, professeur de médecine au service de cancérologie de la tête et du cou au Centre Anderson du cancer à l'Université du Texas. Ce dernier n'a pas participé à l'étude clinique.
"Grâce à cette avancée nous sommes sur la voie d'aider ces malades à vivre plus longtemps et mieux", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse lundi.
Moins de métastases
L'Alecensa est pour le moment autorisé seulement pour les malades atteints de ce cancer du poumon ALK-positif dont l'état s'est aggravé malgré un traitement avec le Xalkori, la thérapie initiale de choix actuelle.
Ce dernier essai clinique a ainsi montré que l'Alecensa réduisait le risque de progression ou de décès de 53% par rapport au Xalkori puisque les malades vivent 25,7 mois (valeur médiane) après le diagnostic, contre 10,4 mois avec le Xalkori.
Ces chercheurs ont également constaté qu'il y avait nettement moins de métastases du cerveau avec l'Alecensa (9% des patients) qu'avec le Xalkori (41% des malades). Des effets secondaires sévères (fatigue, constipation et douleurs musculaires) ont été constatés chez 41% des participants de l'étude traités avec de l'Alecensa, contre 50% dans le groupe du Xalkori.