Il est rare que les responsables politiques allemands établissent des comparaisons avec le régime nazi. La chancelière Angela Merkel a rapidement pris ses distances avec les propos de Wolfgang Schäuble, figure respectée de son camp conservateur et l'un des piliers de son gouvernement.
Un porte-parole du ministre des Finances a par la suite démenti que Wolfgang Schäuble ait comparé la Russie à l'Allemagne nazie.
"L'Histoire nous a enseigné tout cela", a déclaré Wolfgang Schäuble devant un groupe de 50 étudiants.
"Ce sont les méthodes qu'a employées Hitler pour prendre les Sudètes", a-t-il ajouté, en réponse à une question d'un étudiant qui lui demandait si la crise en Ukraine pouvait aggraver la crise dans la zone euro.
Invoquant des menaces pesant sur les trois millions de germanophones vivant dans les Sudètes, Adolf Hitler a d'abord annexé cette région de Tchécoslovaquie en 1938 avant d'envahir le reste du pays l'année suivante.
Protéger les populations russophones
Le président russe Vladimir Poutine a justifié l'envoi de troupes en Crimée par la nécessité de protéger les populations russophones d'Ukraine. La Russie a ensuite annexé la Crimée.
Prié de dire si elle pensait que la situation de la Crimée pouvait être comparée à celle des Sudètes en 1938, Angela Merkel a répondu au cours d'une conférence de presse: "Je considère le cas de l'annexion de la Crimée comme un cas particulier" et comme une violation du droit international.
Devant les étudiants, Wolfgang Schäuble a jugé primordial d'éviter une banqueroute de l'Etat ukrainien.
"Nous devons prendre garde à ce que l'Ukraine ne devienne pas insolvable", a-t-il dit. Si le gouvernement n'est plus capable de payer les policiers, "alors il est évident que des bandes armées surgiront et s'empareront du pouvoir", a-t-il poursuivi.
"Alors les Russes diront 'ça ne va pas, maintenant il y a des fascistes à la tête du gouvernement, ils menacent la population russe (d'Ukraine)", a continué le ministre allemand des Finances. Les Russes pourraient alors dire, selon lui: "Maintenant nous devons les protéger et nous allons utiliser cela comme un prétexte pour une invasion."
Autres pays inquiets
Wolfgang Schäuble a en outre affirmé que les pays baltes ainsi que la Pologne et la Hongrie étaient fortement préoccupés par la Russie. "Ils ont tous plutôt la trouille", a-t-il dit.