L'Organisation météorologique mondiale (OMM) a tiré mardi la sonnette d'alarme. Les graves sécheresses qui sévissent aux Etats-Unis et en Inde servent d'avertissement. L'agence de l'ONU veut renforcer les politiques de prévention.
"Le changement climatique devrait entraîner une augmentation de la fréquence, de l'intensité et de la durée des sécheresses, ce qui aura des répercussions sur un grand nombre de secteurs, en particulier l'alimentation, l'eau, la santé et l'énergie", a déclaré le secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud.
"Nous devons abandonner progressivement les approches au coup par coup, dans le cadre d'une simple gestion des crises, pour mettre sur pied des politiques nationales concertées de lutte contre la sécheresse fondées sur la gestion des risques", a-t-il ajouté.
Conférence à Genève
En vue d'atteindre ces objectifs, l'OMM a annoncé qu'avec la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CCD) et d'autres partenaires du système des Nations Unies, elle organise à Genève une conférence au niveau ministériel du 11 au 15 mars pour renforcer les politiques de lutte contre la sécheresse.
Selon l'Observatoire américain de la sécheresse, cité par l'OMM, au 31 juillet, 62,9% du territoire des Etats-Unis (à l'exception de l'Alaska) connaissait une sécheresse modérée à exceptionnelle. La part du territoire national classée dans les catégories les plus critiques (sécheresse extrême à exceptionnelle) a doublé, passant de 10% en juin à 22% en juillet.
La sécheresse et la chaleur extrêmes ont ravagé les cultures et le bétail dans les Grandes Plaines et le Midwest. "Il s'agit de la période de sécheresse la plus longue qu'aient connu les Etats-Unis depuis 1895", a souligné devant la presse le directeur du département du climat et de l'eau à l'OMM Mannava Sivakumar.
La faiblesse de la mousson du sud-ouest en Inde s'est traduite par une pluviosité déficitaire dans la moitié des 624 districts du pays jusqu'à la fin du mois de juillet. Du 1er juin au 1er août, la pluviosité moyenne sur l'ensemble du pays atteignait tout juste 81% de la normale, tandis que dans le nord-ouest, les totaux pluviométriques ne représentaient que 65% de la normale.
Selon l'Administration américaine pour les océans et l'atmosphère (NOAA), juillet 2012 se place au quatrième rang des mois de juillet les plus chauds, en moyenne mondiale, depuis le début des relevés, en 1880, et au premier rang pour les Etats-Unis. Un nouvel épisode modéré El Nino de réchauffement des océans est prévu dès septembre.
Hausse des prix des céréales
Les sécheresses aux Etats-Unis, en Inde, dans le nord du Mexique, et également en Europe dans l'est des Balkans, en particulier en Roumanie, ont des conséquences sur les prix alimentaires.
En juillet, l'indice des prix alimentaires a connu une hausse de 6%, selon l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Il s'approche du pic atteint en février 2011 en raison d'une forte progression des cours des céréales et du sucre.
L'Indice FAO des prix des céréales s'est établi en moyenne à 260 points en juillet, en hausse de 17%, ou encore de 38 points, par rapport à juin, et seulement 14 points de moins que son record absolu de 274 points enregistré en avril 2008.
La forte détérioration des perspectives de récolte du maïs aux Etats-Unis, du fait de la sécheresse, a fait grimper les prix du maïs de près de 23% en juillet.
Les cours internationaux du blé ont également subi une envolée de 19%, face à des perspectives pessimistes de production en Russie et des prévisions de demande soutenue sur le blé destiné à l'alimentation du bétail suite à la réduction de l'offre de maïs.